La tension monte d'un cran entre l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et le patron du groupe Meublatex, l'homme d'affaires Néji M'hiri. Accusée par les responsables de la société spécialisée dans l'ameublement de politiser un conflit social, l'UGTT est sortie, hier de sa réserve pour assurer qu'elle n'a fait que défendre les droits des salariés de Meublatex par des moyens légaux. «Nous avons respecté les dispositions légales relatives à toutes les activités revendicatives décidés par le syndicat de base de l'entreprise en coordination avec l'Union régionale du travail de Sousse. Si on voulait faire de la politique, on aurait, d'ailleurs, mieux fait de choisir un plus grand groupe ou un secteur d'activités employant des dizaines de milliers de salariés », a affirmé Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé du secteur privé. Et d'ajouter : « à y voir de plus près il apparaît que c'est bel et bien le fondateur de Meublatex qui fait de la politique en décalant que notre organisation cherche à faire tomber le gouvernement ».
M. Ayari précise également que Néji M'hiri est « ennemi de longue date de l'action syndicale » et un «allié » de l'ancien régime. « Cet homme d'affaires est à la tête d'une fortune douteuse qu'il a pu ramasser grâce à ses relations avec le clan Ben Ali. Il d'ailleurs profité de cette proximité avec l'ancien régime pour obtenir des crédits sans intérêts et d'autres avantages », a-t-il déclaré, estimant que M. M'hiri « regretter et payer cher ses attaques contre l'organisation qui a été de tous les combats pour les libertés depuis sa fondation ».
Le responsable syndical a, d'autre part, noté que le fondateur de Meublatex « profite désormais de sa proximité avec le nouveau régime et plus particulièrement avec Ennahdha pour continuer à bafouer les droits des employés en toute impunité ».
Réintégration des salariés licenciés
Rappelant que les revendications des travailleurs concernaient notamment les tenues de travail et le paiement des heures supplémentaires, M. Ayari a révélé que la direction de Meublatex a refusé toute négociation avec les représentants du syndicat de l'entreprise. « Le PDG du groupe n'a pas pris part à trois réunions auxquelles il a été invité par le gouverneur de Sousse. Il n'a pas aussi répondu présent lorsqu'il a été invité par le ministre des Affaires sociales à une autre réunion de conciliation », a-t-il souligné.
Abondant dans ce même sens, Mustapaha Metaouâ, secrétaire général de l'Union régionale du Travail de Sousse, a fait savoir que la suspension des activités de l'entreprise suite à une grève de trois jours observée par les salariés du 18 au 20 juin dernier constitue une mesure illégale conformément aux lois en vigueur, accusant les autorités de fermer les yeux sur ce dépassement.
S'agissant des revendications de l'Union régionale du travail de Sousse qui a lancé un mot d'ordre d'une grève générale régionale d'une journée en solidarité avec les employés de Meublatex, M.Metaouâ, s'est attaché à la réintégration des salariés licenciés pour leurs activités syndicales et à la libération de onze autres salariés arrêtés par les forces de l'ordre.
Par ailleurs, le secrétaire général de la fédération des métiers et des services rattachée à l'UGTT, Mongi Abderrahim, a confirmé le décès d'un ouvrier de la société après avoir appris la nouvelle de son licenciement, une information qui a été démentie auparavant par la direction de Meublatex. « La famille du défunt a reçu un avis de lettre recommandée envoyée par la direction de Meublatx , mais elle n'a jamais pu la retirer de la poste. Et comme l'ouvrier décédé était un syndicaliste actif, on imagine mal que la direction lui a adressée une lettre pour le féliciter », précise-t-il, indiquant que le nom du défunt figure aussi sur la liste des 80 salariés licenciés adressée par l'entreprise à l'inspection du travail.