Ce qui est assez particulier dans cette retentissante affaire, c'est que le protagoniste, surpris en possession de pas moins de trente kilogrammes de résine de cannabis (dite « Zatla »), n'a, depuis son arrestation, rien révélé sur l'origine réelle de ce dangereux stock. L'homme s'est contenté à l'interrogatoire, de bout en bout de dire, à qui voulût bien le croire, que la caisse du pseudo-trésor, rejetée par les vagues, avait été simplement découverte, à moitié enfoncée dans le sable, sur la plage de Kalaât-Landalous. Les nostalgiques du matraque se frotteraient les mains, l'air de dire : « Quand le bâton « magique » est absent, le flou est omniprésent… » Pas si évident, leur répondrait-on. Car, ailleurs où le respect des droits de l'Homme est d'une sacrée rigueur, la réalité de tels faits et méfaits est généralement établie, sans la matraque honni. Ce petit commentaire fait, passons vite aux faits. Sur la bonne piste Tout a commencé le jour où les agents du secteur de police de Ras-Jebel ont surpris un quinquagénaire, traînant sa carcasse à travers la ville et traînant avec lui quelque sept grammes de « zatla ». Soumis à l'analyse d'usage, l'individu, réinjecté dans la société libre grâce à une récente amnistie, s'est avéré bel et bien consommateur. Au fil de l'enquête avec l'intéressé, la police s'est trouvée sur une bonne piste lui ayant permis d'aller « déranger » un présumé trafiquant de drogue. Cela, après avoir été exceptionnellement autorisée par le parquet de Bizerte. En mission spéciale Etant normalement reconnue incompétente d'opérer et de « bouger » hors de ses bases, administrativement délimitées (en l'occurrence, le secteur de police de Ras Jebel). Le groupe en mission à Kalaât Landalous devait tendre un piège au grand suspect, dans lequel celui-ci fut aussitôt pris. Alors, qu'il se barricadait chez lui, depuis un certain temps par mesure de précaution. Le « gibier », au domicile immédiatement passé au peigne fin, a été de même obligé de permettre aux « encombrants » visiteurs de perquisitionner son garage, jouxtant son domicile. Et l'on n'a pas ainsi mis beaucoup de temps pour dénicher la fameuse caisse en bois où étaient rangés trente plaquettes de résine de cannabis. Vérification faite, il s'est avéré que chaque plaquette pesait un kilogramme et comprenait dix petites parts de cent grammes. Une version, à dormir debout… Le tout, apparemment était, fin prêt à intoxiquer notre pauvre jeunesse bien aimée ! C'est à dire que la police est venue à point nommé. Et que tout retard aurait tout compliquer… Conduit dare-dare aux locaux de la police de Ras Jebel, avec la fameuse caisse de poison, l'inculpé s'est entêté à tenir une version, ne tenant pas debout. Et même le plus niais des niais ne croirait jamais que le colis déniché, était un simple cadeau du ciel et des vagues… Silence de la solidarité et… assurance-groupe ! A propos du grand silence observé par l'accusé sur l'origine réelle du stupéfiant, le commissaire de police, un vieux de la vieille, encadrant l'équipe d'enquêteurs du Ras-Jebel, nous a confié qu'il est toujours difficile d'arracher des aveux conformes à la réalité, aux grands trafiquants de drogue. Ceux-ci, nous précise-t-on, tiennent jusqu'au bout à maintenir le black-out sur les membres du réseau quoi qu'il arrive. Pour eux, c'est une question d'honneur de couvrir et protéger leurs complices. Ceux-ci ont, en contrepartie, l'obligation morale de prendre en charge le « brave collègue » faire face aux frais de justice et veiller à subvenir aux besoins familiaux du détenu. Solidarité de la « corporation » oblige, dit-on. Les choses n'étant pas encore claires, l'affaire a été prise en charge par le juge d'instruction près le tribunal de première instance de Bizerte en attendant, éventuellement, d'accorder un mandat rogatoire à la Brigade nationale anti-stupéfiant, parfaitement outillée pour élucider les tenants et aboutissants de cette scabreuse affaire.