Pour sa dernière incarcération, il a apparemment tenu à relever, et réussir également, un défi, celui de garder sa combine à marcher normalement comme sur des roulettes, au moment où il était au trou. Un pari fou, on en convient, mais le bonhomme tenait à garder un « certain standing » et, surtout, ne pas perdre une clientèle qui n'a pas cessé de croître au fil des jours et des semaines. Bref, le type en question était un de ces revendeurs clandestins. Toutes sortes de boissons y passaient, d'ailleurs. Ça allait du vin, de notre cru cela va de soi, à la bière, bien entendu, en passant, chose rare dans le milieu, par les liqueurs. Du whisky, notamment, qu'il se procurait auprès d'un fournisseur qu'il n'a jamais connu. Une tierce personne s'occupait en effet de tractations, lui apportant ce dont il avait besoin. Ou plutôt, ce dont avaient besoin ses clients. Une certaine clientèle, pour être précis. Il faut dire que le bonhomme avait acquis la réputation d'être plus ou moins sélectif, dans ce sens que sa clientèle virtuelle était, ose-t-on dire, triée sur le volet. De façon à ce qu'il soit à son avantage sur tous les plans, et à tous les coups également. Pourtant, il n'a pas manqué d'avoir maille à partir avec la justice à plusieurs reprises, mais pour se voir condamner à des petites peines, d'un à trois mois généralement, en plus d'une amende. A l'exception cependant de la dernière affaire, écopant au passage d'un an de prison ferme et, encore une fois, d'une nouvelle amende, plus importante que les précédentes, celle-ci. Ce fut le prix à payer pour un multirécidiviste. Or, certaines informations sont venues, quelques semaines après son incarcération, surprendre les auxiliaires de la justice de la circonscription d'El Omrane. Des informations faisant état d'un trafic louche du côté, justement, de la demeure du détenu et poussant les enquêteurs à mener des investigations pour tirer au clair, une fois pour toutes, cette affaire. Ils ont pu ainsi découvrir qu'il y avait effectivement du nouveau, un va et vient incessant ne pouvant que les conforter dans leurs soupçons, tout en les poussant à prendre la décision d'effectuer une descente après s'être munis du permis officiel. Leur entreprise allait effectivement leur permettre une grosse prise, s'agissant entre autres d'une cinquantaine de bouteilles de vin, quatre autres de liqueurs et plus de deux cents cannettes de bière. En l'absence du mari, à l'ombre d'une cellule du pénitencier, c'est l'épouse qui a repris en effet le relais. Sur les instructions de son époux, justement…