L'examen du baccalauréat, dans sa session principale 2007, vient de dévoiler ses secrets, avec l'annonce des résultats entamée plus tôt que prévu depuis vendredi en fin de journée par SMS, pour se prolonger quarante huit heures durant, de telle sorte que le cérémonial coutumier de l'annonce officielle des résultats par les proviseurs au sein des établissements n'a revêtu qu'un aspect tout simplement formel. Le verdict est donc tombé, avec son lot de satisfaction ou de désillusion, de liesse ou d'amertume, hautement bénéfique ou positif pour les uns, négatif ou lourd de conséquences pour d'autres ; telle est la règle du jeu que personne n'est en droit de contester. Cependant, une lecture réfléchie et méditée du bilan donne lieu à l'émergence d'un constat qui ne peut échapper à l'attention : force est d'admettre, en effet, que les notes de français attribuées aux candidats, toutes sections confondues, étaient désastreuses et catastrophiques, oscillant entre 0 et 05, lésant particulièrement les littéraires dont une écrasante majorité a payé chèrement les frais. La stupeur et l'émoi étaient quasi générales tant les notes étaient très en deçà des attentes de ceux et de celles habitués, sans pour autant le démériter, à des notes supérieures et meilleures. A qui incombe donc la responsabilité de cet échec ? Est-ce à dire que le niveau de nos élèves en français n'est plus en adéquation avec la valeur de l'épreuve ? Le manque d'intérêt de plus en plus accru manifesté par nos apprenants et leur désengagement vis-à-vis de la langue de Molière peuvent-ils en constituer la cause ?
La responsabilité des élèves Quand bien même il serait vrai que les élèves assument une part de responsabilité et qu'en partie ils ne doivent en vouloir qu'à eux-mêmes, il serait juste d'admettre également qu'un autre facteur, non moins responsable, entre en jeu pour justifier un tel gâchis. Cette année encore, les candidats au baccalauréat ont dû subir les conséquences de quelques maladresses ou imperfections signalées tant au niveau de la formulation des questions qu'au niveau de la conception du barème du corrigé. A titre d'exemple, l'élève n'a été appelé en aucun moment de l'épreuve à justifier ses réponses ; or, la première remarque que le professeur correcteur découvre en ayant vent des éléments de réponse, du reste mûrement arrêtés par une commission nationale mobilisée à cet effet et auxquels il devait se conformer, stipule en ces termes que « les réponses aux questions doivent être rédigées et justifiées ». Du coup, un candidat appliqué, à qui on a toujours appris à ne se conformer qu'à la consigne, se trouve privé d'une partie de la note consacrée à la question, sans en être responsable. Par ailleurs, le libellé du sujet de l'essai proposé aux candidats littéraires manquait de rigueur et de pertinence. Il y avait certes la citation d'où l'élève pouvait dégager le thème de l'essai à développer ; il y avait aussi la question sur cet énoncé assertif, mais il n'y avait guère de consigne pour spécifier la ou (les) tâche(s) à réaliser par l'élève. Le barème du corrigé, de surcroît, n'était pas pour servir la cause du candidat, tellement était inéquitable la répartition des points, dont certains s'avéraient disproportionnés par rapport à la valeur de la question.
Reconnaissance des maladresses En guise de reconnaissance des maladresses commises dans la conception globale de l'épreuve de français, on aurait dû faire montre de souplesse et de tolérance dans la conception du corrigé et du barème, au lieu d'imposer à l'adresse des professeurs correcteurs des consignes de correction, somme toute intransigeantes et contraignantes. L'épreuve de français au bac doit cesser d'être une embûche devant nos élèves ; elle ne doit pas constituer une matière de sanction, pénalisant aussi bien les plus méritants, que les élèves de niveau moyen ou médiocre. N'incriminons pas davantage nos élèves : ils ne sont pas les seuls à maîtriser de moins en moins la langue de Molière : la question du relâchement enregistré dans l'usage de la langue française par les élèves et les étudiants français constitue une polémique réelle et un facteur de préoccupation en France. Nous gardons encore à l'esprit le souvenir pas très lointain des années où l'épreuve de philosophie constituait aux yeux des élèves d'alors une véritable angoisse, tant ses ravages étaient fâcheux. Des parents d'élèves, pris par la panique et en vue de prémunir leur progéniture d'une éventuelle débâcle, s'étaient jetés alors dans les bras des professeurs salvateurs de philosophie, sollicitant vivement les fameux cours particuliers. La contagion est à nos portes, semble-t-il, et si les choses continuent à évoluer dans ce sens, on ne sera pas loin de recourir au même remède aux effets miraculeux, croit-on savoir.