Samedi dernier n'était pas un jour ordinaire pour cette famille résidant à la banlieue sud de la capitale. Un jour noir, en effet, pour cette pauvre mère de famille, de cinquante-deux ans et ses quatre enfants. Et pour cause ! Imaginez, en effet, leur ahurissement et leur stupéfaction, en voyant un bonhomme, qui leur était inconnu, venir les chasser de chez eux, affirmant qu'il vient d'acquérir la demeure qui était la leur! Ils n'en revenaient pas, n'arrivant pas à croire leurs oreilles, encore moins leurs yeux, bien qu'ils aient parcouru les documents qui leur ont été présentés. La malheureuse quinquagénaire, surtout elle, n'arrivait nullement à accepter une telle "mascarade". Une seule chose la turlupinait, cependant, l'absence et le mutisme total de son mari ! Où est-il passé depuis trois jours ? Pourquoi ne donne-t-il aucun signe de vie depuis le moment où il est parti pour un voyage de quelques jours en Turquie ? Toutes ces interrogations n'ont fait qu'un seul tour dans sa petite tête. Aussi, tout un film est-il venu lui chatouiller la mémoire, pour se remémorer quelques petits détails. Mais elle n'est pas allée bien loin toutefois, juste cinq ou six jours plus tôt, au moment où son époux est venu lui annoncer son départ en voyage pour une semaine, en Turquie, afin d'effectuer quelques acquisitions pour la petite boutique qu'il gère dans la capitale, du côté de la Médina. Rien de surprenant dans cette démarche, tant le conjoint l'y avait habitué depuis le temps où ils se sont liés pour le meilleur et pour le pire. Elle s'est rappelée cependant que contrairement à ses habitudes, son mari avait pris deux valises, chose qui l'a intriguée, certes, mais sans lui accorder un intérêt particulier sur le moment. Quoique encore sous le choc de la venue de cet inconnu revendiquant la propriété de "sa" demeure, elle a eu quelques moments de lucidité et la présence d'esprit d'appeler ce mari "fugueur", lequel s'est laissé aller dans une interminable tirade, ponctuée de certaines syllabes tirées d'un jargon qu'elle ne lui connaissait pas ! En tout cas, il lui a confirmé la vente de tous ses biens et son départ dans un lieu sûr où elle ne pourrait plus le revoir, avant de lui asséner le coup de grâce, celui du divorce ! Il lui a en effet annoncé son intention, ou plutôt sa décision de la répudier. Abasourdie, elle allait enfin réaliser qu'elle a tout perdu, d'autant qu'elle apprendra le lendemain même, qu'effectivement son époux s'est débarrassé des deux maisons qu'il possédait dans la banlieue sud, de sa bagnole, une 4x4, ainsi que de la boutique de la Médina. Elle s'est dès lors empressée de porter plainte, d'autant qu'elle était désormais convaincue que son conjoint l'a bel et bien plaquée pour aller vivre avec sa maîtresse, une danseuse du ventre...