Son mari étant incarcéré, elle était fréquemment appelée, par devoir, à lui rendre visite au parloir pour lui amener le fameux couffin afin qu'il profite de la bonne bouffe d'une part, et de sa présence qui lui remonte certainement le moral, d'autre part. A cette occasion, elle ne passait pas inaperçue ; c'est pourquoi un habitué des lieux eut l'idée lumineuse de se faire passer pour un gardien de la prison concernée. Il l'aborda un jour pour l'informer que son époux avait un besoin urgent d'argent pour s'acquitter des sommes empruntées à ses co-détenus, et qu'il était prêt à lui rendre ce service. Sans méfiance, elle lui remit les cent dinars prétendument réclamés par son mari tandis que le faux geôlier, pour faire bonne figure et impressionner davantage la plaignante, lui donna son numéro de téléphone portable pour qu'il lui fournisse des nouvelles du détenu, au cas où elle serait empêchée, par des cas de force majeure, de lui rendre visite. Elle crut à la philanthropie de cet individu qui, en fait, l'a soulagée des cent dinars, tout en lui " filant " un faux numéro de téléphone. Le lendemain, elle s'en est rendue bien compte quand son mari lui déclara qu'il n'avait rien sollicité de personne. Elle tenta alors de joindre son bienfaiteur, mais c'était une autre personne à l'écoute. Regrettant amèrement sa crédulité, elle déposa plainte contre cet inconnu qui l'a délesté de toutes ses modestes économies qu'elle a consenti à lui remettre pour rendre service à son mari. Ayant fourni le signalement précis du délinquant, ce dernier ne tarda pas à tomber entre les mailles de la police. Il s'est avéré qu'il n'était pas à son premier coup puisqu'il faisait l'objet de nombreux avis de recherche pour escroquerie. Lors de sa déposition devant le juge d'instruction, il a souligné que le chômage qu'il endure depuis des années l'a poussé à commettre de tels méfaits, afin qu'il puisse survivre. Traduit devant le tribunal de première instance de Tunis, il a sollicité la clémence du juge qui l'a néanmoins condamné pour cette affaire à un an de prison ferme.