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Indécence des inégalités sociales en Tunisie
Publié dans Le Temps le 21 - 06 - 2020

r 10% des plus aisés détiennent près de la moitié des richesses nationales !
r Un habitant de Tataouine a trois fois plus de chances d'être au chômage qu'un habitant de Monastir
r Les femmes sont deux fois plus touchées par le chômage que les hommes (21,7% contre 12,1%)
r Plus de 95% des enfants des milieux les plus riches fréquentent le lycée, contre moins des deux tiers pour les enfants des milieux pauvres
Oxfam, une organisation non gouvernementale active dans le domaine de la lutte contre les injustices et la pauvreté, a estimé, dans une étude publiée le 17 juin, que la Tunisie reste confrontée à des inégalités profondes qui traversent l'ensemble de la société et alimentent des clivages toujours plus importants entre les régions, les personnes selon leur richesse et revenu, et les genres.
Les 10% des Tunisiens les plus riches détiennent plus de 40% du revenu national alors que la moitié la moins bien lotie de la population ne détient que 18% de ce revenu, a précisé l'étude intitulée «La justice fiscale, un remède contre l'austérité».
«Sous l'impulsion des politiques d'austérité qui ont libéralisé l'économie tunisienne à travers de vastes plans d'ajustements structurels, le retrait progressif de l'Etat de certains secteurs essentiels tels que la santé et l'éducation, couplé à un régime fiscal à deux vitesses, ont consolidé les fondations de profondes inégalités dans le pays », déplore l'ONG. Et d'ajouter : «Ce système, imprégné par la vision néolibérale des institutions financières internationales, a encouragé le développement du secteur privé pour servir les plus aisés, aux dépens des plus pauvres et au détriment de services publics essentiels de qualité et accessibles à tous ».
Ecarts entre les régions
Oxfam a également fait savoir que plus de 95% des enfants des milieux les plus riches fréquentent le lycée, contre moins des deux tiers pour les enfants des milieux pauvres, tout en faisant remarquer que le taux de pauvreté a atteint 28% à l'échelle nationale.
L'ONG a également pointé du doigt des écarts abyssaux de richesses entre les régions.
«Les écarts en termes d'éducation, de santé, de pauvreté, d'infrastructures ou d'accès à l'emploi ne cessent de s'amplifier entre d'un côté les régions côtières et les régions urbanisées où se concentrent les opportunités économiques – 92% des entreprises privées y sont implantées –, et de l'autre, les régions intérieures peu industrialisées et cumulant les difficultés », a-t-elle souligné.
Les inégalités de genre sont également bien ancrées dans nos murs. La société tunisienne est en effet marquée par les inégalités de genre et les discriminations de toutes sortes exercées à l'encontre des femmes, notamment face à l'emploi. Les femmes sont pratiquement deux fois plus touchées par le chômage que les hommes et elles assument une charge de travail non rémunéré (tâches domestiques et de soins) largement supérieure. Elles sont également très nombreuses à exercer une activité dans le secteur informel (près de 45%), n'ayant souvent pas d'autre choix que d'accepter des emplois précaires, peu décents et n'offrant pas de protection sociale.
Un système social inéquitable
Oxfam a d'autre part estimé que le système fiscal tunisien contribue à creuser les inégalités entre les citoyens. «Tel qu'il est le système fiscal protège les plus fortunés et fait peser sur le reste de la population une charge fiscal excessive », a déclaré Hela Gharbi, directrice d'Oxfam Tunisie, citée dans l'étude.
«En matière d'impôt, le gouvernement a pourtant une obligation de justice à respecter, qui est énoncée dans la Constitution de 2014. Tant que les impôts indirectes, comme la TVA, seront privilégiées à des impôts directs tenant mieux compte des revenus, cette obligation sera bafouée», a-t-elle ajouté. La part des impôts indirects, qui pèse disproportionnellement sur tous les Tunisiens sans considération de leurs revenus, représente environ deux tiers des recettes fiscales.
L'ONG pointe du doigt, dans ce chapitre, le rapport de force de plus en plus déséquilibré entre entreprises et particuliers. La contribution des entreprises a chuté de 40% entre 2010 et 2018 alors celle des ménages a augmenté de 10% durant la même période.
Fraude et évasion fiscale
Des écarts sont aussi perceptibles entre les salariés et les travailleurs indépendants soumis au régime forfaitaire et dont la contribution rapporte en moyenne 0,2% de recettes fiscales.
La fraude et l'évasion fiscales sont par ailleurs largement répandues en Tunisie.
Seul un quart des sociétés tunisiennes soumises à l'impôt sur les sociétés (IS) ont effectivement versé des contributions au titre de cet impôt en 2015, 46% d'entre elles étaient en revanche en défaut de déclaration, ce qui dénote une tendance massive à la fraude fiscale. Les contribuables bénéficiant du régime forfaitaire contournent également en masse leurs obligations fiscales, la moitié d'entre eux ne déclarant pas non plus leurs revenus à l'administration fiscale. Il en va de même pour les impôts fonciers dont la plupart des contribuables ne s'acquittent pas.
Sur un autre plan, Oxfam a déploré la dégradation des services publics sous-financés. Entre 2011 et 2019, les parts des dépenses d'éducation et de santé dans le budget de l'Etat ont subi une forte baisse, passant respectivement de 26,6% à 17,7% et de 6,6% à 5%.
«Ce désengagement de l'Etat favorise l'émergence d'un système dual, profondément générateur d'inégalités. Face aux défaillances du système public et à la faiblesse des moyens qui lui sont alloués, on assiste au développement d'un secteur privé qui représente aujourd'hui 42.4% des prestations de santé, tandis que l'éducation publique est de plus en plus délaissée par les familles aisées au profit de l'enseignement privé », a-t-elle fait remarquer.


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