Le bureau exécutif de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a appelé, dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion tenue mercredi dernier, tous les politiciens et tous les responsables à mettre de côté leurs intérêts personnels et partisans au profit de l'intérêt suprême du pays et à ne pas instrumentaliser les prochaines échéances électorales pour en faire un outil de pression qui ne fera qu'empirer la situation générale prévalant dans le pays. Le communiqué a pointé du doigt l'attitude du gouvernement qu'il a qualifié d'unilatérale rappelant que seul le dialogue est capable de résoudre les problèmes économiques et sociaux. La centrale syndicale a assuré que le gouvernement d'union nationale est dans un état de fuite en avant et qu'il essaye d'imposer et d'alourdir les charges des Tunisiens ce qui provoquera de nouvelles crises sociales. Dénonçant le silence des autorités face à l'inflation qui a touché tous les produits de bases, l'UGTT a expliqué que le gouvernement devrait concentrer ses efforts sur la lutte contre la contrebande et les monopoles au lieu de porter atteinte au pouvoir d'achat du citoyen. Revenant sur la crise de l'enseignement secondaire, l'UGTT a indiqué que ce problème finira tôt ou tard par causer du tord aux élèves qui se verront privés de la bonne continuation de leurs études avec un gouvernement qui ne fait que marginaliser l'école publique. Le communiqué a appelé à la reprise sérieuse des discussions relatives à la réforme éducative avec la participation de la société civile. Au lendemain de la publication de ce communiqué, le secrétaire-général de l'UGTT, Noureddine Tabboubi, a rencontré le président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Mohamed Ennaceur. A l'issue de cette rencontre, Tabboubi a annoncé que son organisation campe sur ses positions en ce qui concerne la composition du gouvernement de Youssef Chahed. Ainsi, il a réaffirmé qu'un sang neuf doit immédiatement être injecté au sein de l'équipe gouvernementale d'autant plus que les résultats de cette dernière sont négatifs sur tous les plans. Rappelant la formation d'une commission technique, issue des signataires du pacte de Carthage, chargée de fixer les priorités économiques et sociales, il a réitéré, sans aucune hésitation, sa détermination d'apporter de grands changements au niveau de la composition actuelle du gouvernement laissant, encore une fois, sous-entendre que l'idée d'évincer Youssef Chahed n'est pas à exclure. En ce qui concerne la crise de l'enseignement secondaire, Tabboubi a dévoilé qu'une réunion s'est tenue mercredi dernier avec six ministres au palais Dhiafa à Carthage tout en promettant de sauver l'année scolaire. Bien que les critiques contre la nouvelle stratégie de l'UGTT soient nombreuses – la dernière en date est celle de Taïeb Baccouche, syndicaliste, SG de l'UMA, qui a rappelé à Tabboubi que la centrale syndicale ne doit pas jouer à la politique politicienne – il semblerait que le bureau exécutif de la centrale syndicale soit déterminé à aller jusqu'au bout de ses ambitions en consacrant tous ses efforts à l'évincement de Youssef Chahed et de son équipe. Dans ce jeu, Noureddine Tabboubi risque gros puisque pour pouvoir se consacrer à toutes ces manœuvres politiques, il est obligé de le faire au détriment des bases travailleuses de l'UGTT.