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Mongi Lahbib: Gabès, paradis gangréné par la pollution et l'incurie politique
Publié dans Leaders le 01 - 06 - 2022

La journée mondiale de l'environnement sera célébrée le 5 juin prochain, avec pour thème '' Une seule Terre'', une année après la proclamation par les Nations Unies de la décennie 2021-2030 pour la restauration de l'écosystème.
Cette proclamation nous interpelle sur le calvaire que vivent les gabésiens depuis près d'un demi-siècle. Calvaire dû à la pollution et la mise en danger de l'unique oasis maritime en Méditerranée et l'une des dernières au monde, inscrite sur la liste indicative de l'UNESCO comme « site exceptionnel et universel ».
Gabès a ainsi régressé progressivement et inexorablement en ''point chaud'' de la pollution selon le programme des Nations Unies de l'environnement.
I- Gabés d'antan, "paradis du monde"
1- Une agriculture traditionnelle florissante et un riche écosystème terrestre et marin
Explorateurs, géographes et auteurs arabes et occidentaux ont vanté depuis l'antiquité la végétation luxuriante, la diversité et la qualité des produits des verges qui « se succèdent sans discontinuité » dans un milieu désertique et semi désertique. Pline l'Ancien avait relevé l'originalité du système des cultures étagées oasien où se superposent palmiers dattiers, arbres fruitiers auxquels succèdent des cultures maraichères, fourragères, industrielles et aromatiques. Un judicieux partage des eaux de sources abondantes et l'effet "parasol" des palmiers favorisent le développement d'un micro climat propice à la diversité de la faune et de la flore.
2- Biodiversité marine et potentiel touristique varié
Gabès se distinguait également par la variété de la biodiversité marine et la richesse de ses ressources halieutiques de qualité et l'amplitude des vagues favorables au tourisme sportif.
Forte de plages de sables fins aux eaux cristallines jouxtant, par endroits les palmiers, Gabés dispose aussi d'autres atouts allant du tourisme de montagne, au tourisme thermal, hivernal, culturel, et saharien.
3- Gabés « capitale de la mer » et porte du désert
Erigée en capitale de la mer par Ibn Khaldoun, Gabès bénéfice également d'une position géostratégique particulière qui la destina à devenir un comptoir de commerce transaharien.
Dans son dernier roman "l'invasion de la mer", Jules Verne avait imaginé un projet portant création d'une mer intérieure reliant le Golfe de Gabés aux chotts du sud tunisien et algérien.
Ce large potentiel fut mis à mal avec l'entrée en production, en 1972, de la première unité des industries chimiques maghrébines (ICM).
II- Gabès défigurée: " l'enfer pavé... de bonnes intentions''
1- Pollution atmosphérique et rejet de phosphogypse
La pollution atmosphérique résulte notamment de l'émission d'oxydes de soufre, d'ammoniac et d'oxydes d'azote.
Les rejets en mer de déchets solides concernent en particulier le phosphogypse chargé en métaux lourds toxiques (cadium, zinc cuivre, plomb), Et ce en dépit des dispositions législatives et des conventions de Londres et Barcelone ratifiées par la Tunisie.
L'essentiel de ces émissions et rejets proviennent de l'activité des unités de transformation de phosphates du groupe chimique tunisien(GCT).
2- L'impact sur les activités économiques de la région
Agriculture: baisse de la production et de la biodiversité, perte des rendements et infertilité du sol, suite à l'acidification du sol et des pluies, ainsi qu'à la raréfaction des ressources hydrauliques due aux pompages du GCT.
L'activité agricole a régressé suite à la spéculation foncière, aux constructions anarchiques, à la désaffection de la main d'œuvre et à l'abattage des palmiers due à l'extraction de la sève (legmi).
Pêche: Le déversement en mer des eaux usées ainsi que du phosphogypse ont conduit progressivement à la destruction de l'écosystème marin. Selon une étude à laquelle a contribué l'institut national des sciences et technologies de la mer, la faune marine ne commence à réapparaitre qu'à partir de 2,3 kms du site du rejet du phosphogypse. La production de la pêche fut ainsi fortement diminuée par la surexploitation des ressources halieutiques.
Tourisme: La pollution atmosphérique et la détérioration de la qualité des eaux de mer ont considérablement réduit le nombre de touristes. Le taux d'occupation des unités hôtelières et la durée de transit à Gabès sont ainsi parmi les plus bas du pays.
L'investissement touristique local et les intentions des IDE ont également été découragés par la bureaucratie. Il en a été ainsi des dispositions d'un investisseur égyptien et surtout des promoteurs chinois d'un méga projet de tourisme thermal a El Khabayet qui aurait pu créer un millier d'emplois.
3- Impact sur la santé humaine et la qualité de vie
La pollution atmosphérique a gravement affecté la santé des gabésiens avec la multiplication des pathologies cancéreuses, respiratoires, cardiovasculaires, osseuses, allergies et fatigues chroniques. A tout ceci s'ajoute un mal de vivre chronique (éco-anxiété).
L'absence d'études épidémiologiques confirmant la corrélation entre ces pathologies et la pollution, ajoutée au manque de centres hospitaliers adéquats, ont aggravé la situation.
Pire encore, le Ministère de la santé a refusé en 2014 un projet offshore de l'European Cancer Centers pour un investissement de 25 millions d'euros, qui aurait pu créer 300 emplois et contribuer au développement du tourisme médical.
La qualité de vie à Gabès est également détériorée. Les indications de Nunbéo, l'une des plus grandes bases de données au monde en la matière, confirment d'ailleurs que celle-ci est déplorable.
Cette même base de données révèle que la propreté, les espaces verts et parcs urbain sont inférieurs à la moyenne nationale en la matière.
III- Echec du modèle du développement et de la gouvernance
1- Genèse et motivations annoncées de la localisation du pôle de développement industriel à Gabès
Le choix de Gabès était motivé par le Secrétaire d'Etat au plan et à l'économie Ahmed Ben Salah, par le souci d'équilibre régional Nord Sud. Celui-ci considérait que Sfax constituait une « enclave » dépourvue de rayonnement régional (colloque de développement du Sud-Mai 1967 à Zarzis).
Rares étaient les voix qui s'élevaient contre cette orientation y compris à Gabès qui souffrait d'un chômage chronique et d'une situation économique précaire au départ de la garnison militaire française et suite aux inondations dévastatrices de 1962. Mansour Moalla, alors sous secrétaire d'Etat à l'industrie et au commerce, relate dans ses mémoires '' de l'indépendance à la révolution'' son opposition à l'implantation des ICM à Gabés. Il estimait que ce projet conduirait ''à des déboires programmés à l'avance'' en raison du caractère capitalistique dudit projet et de la pollution qu'il allait engendrer.
Il ajoutait que la question de l'environnement constituait en 1967 "une plaisanterie" et que ''des responsables comme Nouira restaient encore réservés sinon hostiles" à ce projet (p183-184).
Deux agronomes de renom contestaient la politique de Ben Salah à ce sujet: le perspectiviste Gilbert Naccache et l'écologiste français, de la première heure, René Dumont qui mettaient en garde contre les risques de marginalisation de l'agriculture traditionnelle.
Cette position se justifiait particulièrement à Gabès en raison de la modestie des parcelles des vergers et la densité arboricole qui se prêtaient mal à la mécanisation de l'agriculture.
Pour Gabès, en plus de la pêche, le tourisme offrait alors des opportunités exceptionnelles au moment où l'Etat encourageait le développement de ce secteur. Il en a été ainsi du lancement des études d'aménagement du complexe touristique d'El Kantaoui à Sousse. L'année précédant l'entrée en production de la première unité ICM à Gabes.
La création d'un pole de développement industriel à Gabés était destinée à susciter une dynamique induisant un effet d'entrainement à travers la multiplication et la synergie entre échanges intersectoriels et interbranches.
Gabès était loin de répondre à cette logique en raison du caractère capitalistique des industries chimiques, peu pourvoyeuses d'emplois, et la nature des équipements et intrants importés. Gabès n'avait pas alors des traditions industrielles, habituée plutôt au commerce de produits oasiens.
2- Fuite en avant et inaction écologique
Plusieurs facteurs allaient conduire à l'emballement: importance des investissements d'infrastructure, envol des cours des phosphates, apport de capitaux arabes.
Ce qui conduisit à l'augmentation des capacités des unités de production du GCT et la multiplication d'industries aussi polluantes les unes que les autres (industries chimiques, hydrocarbures, matériaux de construction….).
Les efforts du GCT portèrent essentiellement sur l'atténuation des émissions atmosphériques et le dessalement de l'eau de mer. Les tentatives concernant l'arrêt des déversements du phosphogypse se heurtèrent à des contraintes technologiques et financières et surtout au refus du Président Ben Ali, d'origine gabésienne; à y faire face en invoquant l'importance des investissements d'infrastructure et des unités installées à Gabes.
L'option de l'arrêt du déversement du phosphogypse en mer fut finalement retenue en 2005 par le ministère de l'environnement et inscrite au XIéme plan (2007) dans un climat de fin de règne, de révolte du bassin minier et d'une grave crise financière et économique mondiale. Ce choix se heurta à l'opposition de la population locale due à la défiance à l'égard de l'Etat et aux craintes de dégradations environnementales. Longtemps sujet tabou, la problématique de la pollution remonta, après la révolution, à la surface. Des Suite à des mouvements sociaux le gouvernement s'engagea en 2017 à procéder à l'arrêt du déversement du phophogypse en mer et la délocalisation progressive d'unités de production du GCT à Menzel El Habib à un cout estimé entre 3.3 et 4000 MD.
Ce qui suscita une nouvelle levée de boucliers de la part de la population locale, appuyée par celle d'El Hamma. Le blocage, qui perdure, est révélateur de l'échec d'un mode de gouvernance devenu caduc.
3- Echec du mode gouvernance
Les tentatives de déconcentration avant la révolution n'ont pas abouti faute de volonté politique et en l'absence de prérogatives et moyens adéquats. Pour les entreprises publiques installées à l'intérieur du pays les décisions importantes étaient prises le plus souvent, à Tunis.
Les espoirs de décentralisation suscités à ce sujet par la Constitution 2014, furent assez vite déçus.
Une récente étude de l'ITES sur la transition énergétique et écologique en Tunisie à l'horizon 2030 avait conclu que" la transition écologique était au stade du souhait"
Plusieurs recommandations et orientations de stratégies nationales relatives à la gestion des oasis ou la préservation de la biodiversité (2018-2030) n'ont pas eu encore les effets escomptés.
IV- Perspectives d'avenir: du local à l'universel
1- Les projets en cours et les mesures d'accompagnement suggérées
Des plans ont été élaborés pour améliorer les conditions et la qualité de vie à Gabès à l'horizon 2030-2050 notamment les projets Al Madina Aljadida et " smart oasis" particulièrement dans le cadre du réaménagement de l'ancien aéroport militaire au centre-ville de Gabés.
Eu égard a l'urgence de l'arrêt du déversement du phosphogypse en mer il conviendrait d'œuvrer en faveur d'un accord à ce sujet dans le cadre d'une approche écosystémique et la prise en compte d'une indemnisation équitable des propriétaires des terrains à exproprier.
Parallèlement il conviendrait d'envisager;
• L'intégration de la question du changement climatique dans les perspectives d'avenir de la région, sachant que Gabés est particulièrement menacée par la montée du niveau de la mer.
• La facilitation de l'implantation de centres hospitaliers spécialisés en attendant l'implantation du CHU.
• L'encouragement des PME et PMI pourvoyeuses d'emplois.
• L'identification de niches d'agriculture bio et la réhabilitation du savoir-faire traditionnel.
• La valorisation et la promotion des produits des terroirs, en s'inspirant de l'expérience de coopératives de production de l'huile d'argan au Maroc et celle initiée en Tunisie avec le Japon « un village un produit ».
• L'intensification des recherches des centres universitaires spécialisés, installés à Gabès relatives au traitement des problématiques régionales: métiers la mer, pollution, valorisation des déchets.
• La dissémination de la culture environnementale.
• La mutualisation des données relatives à la lutte contre la pollution en particulier avec le GCT dans un esprit de partenariat et non de confrontation.
2- Du local au national
La Tunisie est malade à des degrés divers de la pollution politique, écologique, du chômage et de la pauvreté.
Gabès en a payé le plus lourd tribut en termes écologiques, sanitaires, et socio-économiques avec un taux de chômages parmi les plus élevés du pays La problématique de phosphate risquerait de se compliquer avec l'exploitation du gisement de Sra Ouertane (10 milliards de tonnes de réserves).
La question gagnerait ainsi à être traitée en termes de régions économiques dans le cadre d'une approche inclusive et écosystémique de développement durable.
3- Du local à l'universel et l'international
La question de l'environnement, dimension importante des droits de l'Homme, devient de plus en plus un enjeu planétaire et de survie de l'humanité au vu du dernier rapport du groupe intergouvernemental d'experts sur le changement climatique (GIEC).
Selon l'idiogramme chinois défi signifie aussi opportunité. Sachons élargir la lutte contre la pollution à l'international en tirant profit de la montée de l'écologie politique notamment en Europe et en Asie.
A cet égard Gabès dispose d'associations matures et innovatrices de plus en plus visibles aux niveaux régional et mondial. L'action de ces associations pourrait être renforcée par la création d'une plateforme commune et l'interconnexion avec des réseaux environnementaux, de tourisme alternatif, de commerce équitable et autres associations d'économie sociale et solidaire.
Des initiatives comme celle de Gabès Cinéma Fen pourraient contribuer au rayonnement de la région en particulier la concrétisation de l'idée de production d'un film sur la pollution.
Parallèlement Il est urgent d'activer les démarches relatives à l'inscription de Gabès sur la liste du patrimoine mondial, en y associant le Ministère de la Culture, les influenceurs et amis de la Tunisie et de la Nature.
V- Enseignements, défis et enjeux
1- Mal développement et sous développement
L'ampleur du désastre environnemental qui frappe Gabès confirme que le mal développement est bien souvent pire qu'un sous- développement rattrapable.
2- Garder espoir
Gabès a toujours su à travers son histoire se relever des épreuves qu'elle a subies: destruction d'Elmadina, arrivée des hilaliens-qui ont contribué à arabiser le pays- destructions massives de la 2éme guerre mondiale (ligne de Mareth)...
3- Sauvetage de l'Etat
Ayant activement contribué à la lutte nationale, Gabès continue de contribuer à l'édification de l'Etat de l'indépendance: sacrifice l'oasis maritime et transformation sociétale avec l'héritage de Mohamed Ali Hammi, précurseur du syndicalisme tunisien, et de Tahar Haddad réformiste de la condition de la femme.
Le sauvetage de Gabès passe par le sauvetage de l'Etat ébranlé par les risques de déliquescence, de faillite et d'interventions extérieures.
4- La Tunisie vaincra
Grâce à la valorisation du capital temps, la réhabilitation des valeurs du travail, du sens civique, de la solidarité et la restauration de la confiance entre gouvernants et citoyens. « Gouverner c'est prévoir » mais aussi arbitrer, communiquer, motiver et fédérer.
5-Gabès: de la rupture à la métamorphose1
Promise à devenir un pole de développement du Sud Gabès fut progressivement reléguée en pole de croissance et" ville intermédiaire".
''La rupture'' avec la situation actuelle, préconisée par une étude commanditée par l'Union Européenne, avec l'arrêt du déversement en mer du phosphogypse, est à la fois nécessaire et urgente. Cette rupture pourrait constituer le point de départ d'une métamorphose de l'économie régionale particulièrement à travers:
• Le passage progressif de l'économie ''jaune'' - couleur de soufre - à l'économie verte et bleue : énergies renouvelables(2) tourisme alternatif et d'évasion (route de Jules Verne), diversification de l'agriculture: petit élevage, sériculture, plantes médicinales et pharmacologiques.
• La valorisation de l'emplacement de Gabès comme trait d'union Magreb- espace sub-saharien comme plateforme commerciale et de partenariat tripartite avec l'Europe, le Japon et la Chine. Ce qui nécessite une logistique de transport multimodal (transport par conteneurs).
Avec la conclusion éventuelle d'un pacte vert d'éco- développement avec l'Union Européenne à l'heure du Global Gateway du Covid et de la guerre en Ukraine ?(3)
• La promotion de la culture comme catalyseur et un levier de développement. Gabès" Petit-Damas'' constitue un creuset de la geste hilalienne, des traditions sahariennes et de l'identité amazigh, avec des survivances au Maghreb, au Machrek et en Afrique sub-saharienne.
Gabès méritait mieux et mérite beaucoup mieux. Un rêve… en état de veille. Gabès ne se relèvera pas par la nostalgie, le ressentiment ou la colère mais par une action tenace et coordonnée s'inscrivant dans la durée...
Mongi Lahbib
(1) A l'image de la mutation de la chrysalide du ver à soie en papillon. Le géographe andalou Al Bakri avait relevé l'abondance, la qualité et la finesse de la soie produite a Gabés," unique en Ifriquia ".
(2) Energies solaire, éolienne et surtout houlomotrice et marémotrice tirant ainsi profit de l'amplitude de la houle et l'ampleur des marées du golfe de Gabès exceptionnelles en Méditerranée.
(3) Il est regrettable que dans les conditions difficiles que traverse notre pays qu'un euro député agite insidieusement l'arme verte en faisant état du paiement de deux cargaisons de blé destinées à la Tunisie.


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