Le week-end dernier fut celui de l'écologie par excellence, bien chargé d'actions et de réactions citoyennes, poussant la dynamique associative à se mobiliser autour des questions environnementales qui se posent à l'heure actuelle. Le Sud tunisien était le théâtre d'événements et de manifestations sur l'état des lieux névralgiques dans les régions de Kébili, Gabès et Djerba, mettant en avant la protection du milieu oasien et marin. Sa dégradation remet de plus en plus en cause une responsabilité sociétale quasiment ignorée. A Jemna, à quelque kilomètres de Douz, l'association du même nom pour l'environnement et le développement, à peine une année d'existence, a tenu, samedi, son deuxième colloque sur le thème «Oasis sahariennes, défis de l'économie verte ». Son président, M. Belgacem Hamdi, veut qu'une culture citoyenne soit ancrée dans les esprits et les comportements, à même de changer les mentalités passives. L'écocitoyenneté, pour lui, est de mise. Sinon il n'y aura pas de développement durable. C'est dans cette optique que s'inscrit l'observatoire local de l'environnement et du développement lancé l'année dernière. L'initiative a pris la forme d'un projet vulgarisateur des concepts liés à la préservation de l‘écosystème oasien et saharien. «Dans cet ordre d'idées, nous avons eu à soutenir des projets d'études réalisés par des étudiants de la région. De même pour l'appui à des femmes rurales afin qu'elles s'investissent dans des activités à caractère agricole», renchérit-il. D'autres stratégies à court et à long terme visent à revaloriser le produit local, l'artisanat en vedette. Il y a aussi une tendance à l'économie verte, actuellement focalisée sur l'investissement dans le bois de palmier. «En tant qu'association, cela est, pour nous, un défi à relever», conclut-il. Tout acte de sensibilisation compte. Gabès souffre La lutte contre la pollution industrielle dans le golfe de Gabès semble être le cheval de bataille de la société civile locale. Les rejets de phosphogypse et les effets nocifs qu'ils ont causés sur le milieu marin mettent la vie des habitants en péril. Plusieurs cas d'hépatite et d'autres maladies pulmonaires ont été enregistrés ces dernières années. On reproche au Groupe chimique tunisien (GCT) ses déchets toxiques. Ses unités de transformation implantées, depuis longtemps, sur les ruines d'une belle oasis méditerranéenne, unique dans le monde, ont plongé toute une ville côtière qu'est Gabès dans un désastre écologique. Le dilemme est aussi de taille: une économie qui produit des tragédies. Une des associations militantes pour trouver une issue, l'Association tunisienne environnement et nature (Aten), continue à faire pression. Pourtant, son président, M. Foued Kraiem, est convaincu que la décision doit être politique. Transférer, au plus loin, une telle activité industrielle contre nature et hostile au bien-être humain pourrait être l'ultime solution. Face à une telle situation précaire, le GCT est appelé à faire preuve de responsabilité. Il doit plutôt reconnaître ses torts. Mais avec 3.000 emplois à son actif et même plus, le GCT serait-il un mal nécessaire ? M. Kraiem et son équipe entendent, désormais, agir en collectif. Journée de la Méditerranée à Djerba C'est que le réseau associatif « Vigilants pour notre environnement », lui aussi, semble en train de resserrer les rangs. Avec une soixantaine d'associations, réparties du nord au sud du pays, il s'active à coordonner les efforts, allant droit au but. Celle de Jemna et de Gabès ont montré de la volonté d'y adhérer. Dimanche matin, le réseau était en conclave à Djerba pour s'accorder sur les pas suivants. Son coordinateur national, M. Slimena Ben Youssef, a annoncé que la feuille de route 2018 sera pleine d'actions et d'idées : colloque sur l'eau au Kef, un autre sur le phosphate à Gabès, projet pilote de reboisement, plaidoyer en faveur de l'Instance de développement durable et droit des générations futures. Et bientôt son premier rapport annuel sur l'état de l'environnement. Cet élan mobilisateur a fini par débarquer à Djerba, où la journée de la Méditerranée a été célébrée, hier, sous la bannière dudit réseau. Le séminaire festif étant, alors, à l'initiative de l'Association Jlij pour l'environnement marin (Ajem), a eu lieu sur le thème «Stop aux déchets». Halte à la pêche anarchique et à toute surexploitation de nos richesses halieutiques, pour ainsi dire. En perspective, il y aura de nouvelles conventions d'adhésion au Réseau.