Ahmed Khaskhoussi : «L'Assemblée nationale constituante n'a pas respecté son engagement moral et même juridique» En pleine séance, hier, le constituant Ahmed Khaskhoussi (député du Mouvement des démocrates socialistes) annonce, à la surprise générale, sa démission de l'Assemblée nationale constituante qui a, selon ses propres termes, «trahi ses électeurs». Poussant la théâtralité jusqu'au bout, le dernier député du Mouvement des démocrates socialistes a demandé «pardon» à ses électeurs avant de quitter l'hémicycle. Contacté par téléphone, l'ex-constituant explique sa décision par la perte de la légitimité de l'ANC élue initialement pour une année pour écrire une constitution. «L'Assemblée nationale constituante n'a pas respecté son engagement moral et même juridique de ne rester en place qu'une année, et n'a pas respecté non plus son engagement d'écrire une constitution», a-t-il expliqué. Ahmed Khaskhoussi qui semble avoir pris son temps avant de se rendre soudainement compte que l'ANC a perdu sa légitimité, confie à La Presse que «la voie est aujourd'hui sans issue et débouchera sur des crises». «Nous nous trouvons otage d'un parti hégémonique qui veut s'emparer de l'appareil de l'Etat, et ce, dans l'indifférence de son partenaire supposé incarner les modernistes au pouvoir, et qui ne bougent pas le petit doigt devant les dépassements», dit-il. Il a notamment déclaré que la constitution contient «les pièges d'une prochaine guerre civile » dans le sens où « elle ne garantit pas la séparation entre les pouvoirs ni l'indépendance de la cour constitutionnelle» et que «les dispositions transitoires bloquent la constitution pendant 3 ans». D'un autre côté, le député démissionnaire nie tout lien avec le mouvement Tamarrod, estimant que «chacun prendra ses responsabilités, les politiciens comme la société civile». Au-delà de sa personne, Ahmed Khaskhoussi a tenu à déclarer à La Presse qu'il souhaite à travers sa démission «susciter un vrai débat au sein de l'opinion publique et la classe politique».