D'habitude, le mois de Ramadan correspond à une surconsommation. Cette année, la cherté des produits a freiné les envies. En ce début du mois de Ramadan, les gens affluent comme d'habitude au Marché central de Tunis. Comme à l'accoutumée, les poissonniers font leur criée, tandis que les clients se penchent sur les étals et examinent scrupuleusement les prix. Daurades, maquereaux, thon, crevettes, les produits de la mer abondent, mais les consommateurs sont frileux. A 18,6 DT le kilo, les rougets ne sont pas à la portée de tout le monde. «Les gens se plaignent, mais ils achètent quand même. Sauf qu'au lieu de prendre 2 kg, ils prennent 500 g», affirme Abdelhafidh, poissonnier. «Ramadan, c'est le mois de toutes les envies», note-t-il. Loin d'être gênée par les odeurs du poisson et le va-et-vient des gens, Emina s'est installée dans un coin de la salle avec son petit tabouret en plastique, sur lequel elle expose des sacs de semoule et d'épices. «Je viens de Siliana pour vendre mes produits au mois de Ramadan. Tout est fait maison», dit-elle. «Les autres vendeurs ne veulent pas qu'on reste ici», révèle un autre vendeur «occasionnel», qui propose, lui, des feuilles de brik préparées par sa femme. Le plat avant le dessert Dans la seconde partie du marché, on vend les fruits; le mouvement est beaucoup moins dense. «Les fruits se trouvent en abondance, mais les gens n'ont pas assez d'argent pour acheter. On privilégie le plat avant le dessert!», s'exclame Fathi, vendeur de fruits. Les prix de certains fruits ont beaucoup augmenté, à l'instar de la pêche plate, vendue à 7 DT le kilo et les petites poires, type anbri, «sucrées comme du miel», vendues à 4 DT le kg. «L'envie d'acheter est absente. Il n'y a pas le mouvement habituel de Ramadan», confie Mohamed, vendeur de légumes. Certains vendeurs ont quand même fait un effort pour baisser les prix au mois de Ramadan. Le poulet est vendu à 5,4 DT au lieu de 5,9 DT. «A certains moments, le poulet était vendu à 7 DT. On trouve quand même de bons prix au marché», estime Awatef, mère de famille. «Espérons que le mois saint se passera bien», ajoute-t-elle avec le sourire.