Par ces temps de plus en plus flous et, en tout cas, très peu artistiques, certains (et ils sont de plus en plus nombreux) s'en donnent à cœur joie, jouent aux francs-tireurs et se découvrent des dons de tontons flingueurs. Mais leurs tirs sont tellement «sélectifs» qu'on doute sérieusement du bien-fondé de leurs attaques. Dans un pays où on a vite oublié les coupables, offert des tribunes aux fuyards et passé l'éponge sur les affaires d'un passé infâme, on s'essaie désormais au jeu du lynchage. Tenez, ces derniers temps, c'est Tarak Dhiab qui est dans l'œil du cyclone ou, si vous voulez, de la plume (c'est du pareil au même). Rien ne lui est épargné mais, là, on passe carrément à la vitesse supérieure. Il faut rappeler que le Ballon d'or tunisien n'en est pas à la première campagne de dénigrement puisque, bien avant la révolution, celui qu'on sait a tout fait pour lui rendre la vie impossible. Et il y a réussi, au point que la gloire du football tunisien a fini par chercher refuge auprès d'Al Jazira Sport pour fuir les foudres d'un système qui a été dressé contre lui. Et si Tarak Dhiab a pris une revanche sur le sort et sur ceux que son seul nom gênait (Gammoudi en sait lui aussi quelque chose pour avoir vécu à l'ombre toutes ces dernières années), il s'est retrouvé à essuyer une autre campagne concernant son niveau d'instruction. Sachant que l'homme n'a jamais prétendu être bardé de diplômes mais, là où il est, c'est sa spécialité, sa vie. Cette absence de diplômes et de prétention fait qu'il fait avancer les choses et qu'il ne se perd pas dans des considérations politico-démago-administratives. Ses prédécesseurs qui affichaient bien plus de connaissances académiques ont fait stagner le sport quand ils ne l'ont pas fait régresser. Lui va de l'avant et si ceux qui s'évertuent à le descendre aujourd'hui jetaient un coup d'œil sur l'œuvre accomplie jusque-là, ils auraient peut-être hésité à le lyncher de la sorte. Ce que nous savons également, c'est que l'actuel ministre des Sports (comme cela a été officiellement communiqué il y a quelque temps dans un point de presse au palais du gouvernement) a transmis quelques dossiers à la justice ayant trait à la gestion de quelques-uns de ses prédécesseurs et que cela ne pouvait évidemment plaire à tout le monde. Ces dossiers étant sur le point d'aboutir, il est tout à fait naturel qu'il soit soumis, aujourd'hui, à une véritable attaque en règle. Attaque relayée par quelques plumes sans scrupules qui n'ont pas bougé le doigt quand le sport, les sportifs et les journalistes sportifs étaient soumis au diktat, mais qui se découvrent aujourd'hui des plumes révolutionnaires!