« Casse-toi, pauvre con ». La phrase a été rendue célèbre puisque celui qui l'a prononcé (et quelque peu regrettée) n'est rien de moins qu'un président de la République. Nicolas Sarkozy, pour ceux qui ne suivent pas l'actualité de la politique française au quotidien. Le con en question est un petit agriculteur qui se trouvait dans un salon que Sarkozy inaugurait en ce moment. Le président lui tendit la main et le bonhomme refusa de la lui tendre, ce qui lui valut la réplique immédiate du chef de l'Etat français. Vu la polémique qui s'en est suivie (un président de la République ne devant pas céder à un certain vocabulaire) Sarkozy a admis qu'il n'avait pas à répondre ainsi. Quand on fait face à un con, mieux vaut l'ignorer en effet. Tarak Dhiab est un de nos héros. Comme on n'en fait plus, diront certains. C'est une légende et il a fait le bonheur, pendant un bon bout de temps, de l'Equipe Nationale, de l'Espérance Sportive de Tunis, de l'Association sportive de l'Ariana et du football tunisien. On ne l'aimait pas seulement, on l'adorait, on l'admirait. Et pour ceux qui ont un cerveau peu développé et une capacité de réflexion limitée (et ils sont légion), Tarak Dhiab, n'est pas uniquement un exemple à suivre, c'est un modèle ! Aujourd'hui, Tarak Dhiab n'est plus le numéro dix qui court derrière un ballon. Il est analyste sportif, doublé d'un homme d'affaires et il occupait le poste de vice-président de l'Espérance Sportive de Tunis jusqu'à il n'y a pas très longtemps. Ses responsabilités se sont largement étendues et ses devoirs de star (et de représentant des entités où il travaille) ont bien cru. La semaine avant dernière, Tarak a eu à serrer la main d'un ministre. Mais pour on ne sait quelle raison, il se refusa à l'exercice et ne tendit pas la main au ministre. C'est plus qu'une erreur, c'est une faute. Ce ne sera pas l'unique. Il étale l'affaire sur une télé arabe. L'incident ne passe pas. Il ne pouvait pas passer, car Tarak est loin de représenter sa propre personne uniquement. L'Espérance se devait de sévir et elle a sévi. Dhiab est acculé à la démission. Depuis, on ne parle que de cet incident sur les forums de discussion sur Internet. Y compris dans des forums de grandes entreprises tunisiennes ayant pignon sur rue. On y lit notamment que Tarak est une légende et que l'Espérance a besoin de lui. Tarak indispensable ? Partant du principe que les cimetières sont remplis de gens indispensables, je ne partage pas l'avis. Seulement voilà, je trouve que la « punition » est disproportionnée par rapport à l'acte. Un acte très incorrect, très gauche, certes, mais il n'est cependant pas si grave que cela et ne peut se solder par une démission pour quelqu'un qui représente un modèle pour beaucoup. Une sanction s'impose, des excuses sont nécessaires et incontournables, mais sans plus. Pour l'exemple, diriez-vous ? Justement, pour l'exemple, la sanction ne doit jamais être disproportionnée par rapport à la faute. Autrement, l'exemple ne pourra que servir d'autres fins. La Tunisie a investi et misé énormément sur ce talent qu'elle a enfanté. Le laisser partir, c'est admettre de laisser les dividendes de nos investissements profiter à d'autres. Le linge sale se lave en famille. Et si on laisse nos enfants (aussi impolis soient-ils) quitter la maison pour voir si l'herbe est plus verte ailleurs, il n'y aura plus de famille ! Et c'est encore plus délicat quand l'enfant est une vedette, a une notoriété publique et jouit de l'admiration et l'adoration de beaucoup.