Le ministère du Transport vient de délivrer au groupe de transport maritime « Grimaldi -Naples» l'autorisation d'exploiter les lignes desservant Gênes et Livourne. Une décision qui suscite les plus vives inquiétudes au sein de la Compagnie tunisienne de navigation (CTN) et du syndicat de base, qui craignent un non-respect des règles d'un marché loyal. La nouvelle est tombée comme un pavé dans la mare pour la CTN et le syndicat de base relevant de l'UGTT, qui n'ont pas tardé à exprimer, dans un communiqué daté du 23 novembre, leur étonnement et leur inquiétude face à l'entrée du transporteur Grimaldi-Naples dans le marché. La compagnie italienne a obtenu du ministère du Transport un permis d'exploitation sur toutes les lignes de la Tunisie et a choisi de commencer par Naples et Livourne, alors que le marché n'est pas demandeur. La CTN, qui exploite ces deux lignes depuis 40 ans, craint de perdre des parts de marché au profit du nouveau concurrent, supposé brader les prix. En effet, Grimaldi-Naples bénéficie de plusieurs subventions de l'UE, dans le cadre du transport sécurisé des marchandises entre des villes européennes. Ces subventions, détournées pour assurer le transport vers la Tunisie, lui permettraient de brader les prix. Actuellement, la CTN détient entre 50 et 55% des parts du marché vers Naples et Livourne. Ces deux villes font partie des quatre lignes régulières entre Radès et des villes du sud de l'Europe, vers lesquelles la CTN assure neuf traversées par semaine pour le transport de marchandises. Une compagnie au service de l'économie du pays Les activités de la Compagnie tunisienne de navigation sont inhérentes à la stratégie économique du pays. 80% des échanges commerciaux ont lieu avec l'Europe, et 90% d'entre eux se font par voie maritime. Dans le cadre de ces activités, la CTN a investi 500 millions de dinars ces dernières années, afin de renforcer sa flotte. C'est dire que ces lignes auxquelles veut s'attaquer Grimaldi-Naples sont importantes pour la compagnie nationale, même si cette dernière n'en détient pas le monopole. La CTN travaille avec des concurrents étrangers, avec qui elle s'accorde sur les tarifs et la fréquence des traversées, dans le cadre des relations bilatérales. En ne respectant pas les règles du marché en vigueur, l'activité du nouveau concurrent italien risque d'avoir de lourdes conséquences sur la CTN, alors qu'elle joue un rôle économique et social important, en employant plus de 1.000 agents entre terre et mer. Des négociations entre la CTN, Grimaldi-Naples, les autorités de tutelle à travers l'ambassadeur d'Italie, et le ministère du Transport, sont toujours en cours afin de trouver un arrangement et une éventuelle collaboration sur d'autres lignes. Affaire à suivre.