Ce lundi, la Bourse de valeurs mobilières de Tunis (BVMT) a repris son activité. En effet, en raison des derniers événements, dix séances de négociations ont été suspendues, du vendredi 14 au lundi 31 janvier. Force est de constater que, ces dernières semaines, plusieurs entreprises cotées en bourse ont subi des changements radicaux de leurs actionnariats, d'autres ont affiché des dégâts considérables dans leurs stocks de leurs unités de production alors que les comptes ne sont pas encore soldés. Aujourd'hui, les investisseurs sont impatients de revoir le tableau des cours pour espérer résorber les pertes accumulées au cours des derniers mois. Tous les préalables sont réunis pour une activité exceptionnelle du marché des actions. Témoignages. Sofiène, investisseur : le sort des titres suspendus «Cette séance ressemble beaucoup aux anciennes. D'ailleurs, l'indice de la bourse (Tunindex) a continué sa chute. Comme on a constaté à la clôture, il a perdu 119,78 points. La situation est réellement inquiétante, car la quasi-totalité des titres continuent leurs tendances baissières et les portefeuilles se dévalorisent encore plus. Pour ce qui est de mon portefeuille, je détiens des titres suspendus, d'autres nouvellement suspendus lors de cette séance d'ouverture et le reste affiche une dégradation. A vrai dire, une situation délicate qui mérite des éclaircissements de la part du Conseil du marché financier (CMF). On vit quotidiennement cette situation depuis le 04 octobre 2010, date de promulgation des lois de finances 2011 qui stipulent l'imposition des plus-values de cession des titres, et même avant,suite notamment aux rumeurs qui ont porté sur ladite loi. Cette baisse s'est aggravée avec la crise politico-économique qui a secoué le pays ces derniers temps. Ce crash est plus douloureux que celui de la crise financière de 2008. Conscient de l'ampleur des conséquences, un grand nombre d'investisseurs a demandé la suspension de la cotation depuis le lundi 10 janvier. La décision tardive du CMF a engendré la continuité de la dégradation des cours boursiers. D'où des pertes plus importantes. La non-suspension a permis par ailleurs la liquidation de quelques titres appartenant à des personnes qui préparaient leurs départs de la Tunisie. Il est à noter que face aux mêmes circonstances, l'Egypte, a suspendu les opérations de bourse dès les premiers jours pour préserver les intérêts de tous les opérateurs. Dans ces conditions exceptionnelles, avec le manque d'information, l'incertitude est la seule constante du marché. Toute prévision, toute spéculation est une opération à haut risque, même pour amateurs du risque». Moncef, investisseur : multiplier les communications financières «Pour cette première séance, le marché n'a été encourageant ni pour l'achat ni pour la vente. Evidemment, c'est le rouge qui domine le tableau des titres, à l'exception de deux titres au vert. Malheureusement, tous les titres qui constituent mon portefeuille ont subi une dépréciation de 20%. En plus, une interrogation s'impose sur le sort des valeurs suspendues, dont l'avenir est flou et qui constituent une part considérable dans la majorité des portefeuilles. Lors de cette séance d'ouverture, on était plutôt observateur. Justement, à défaut d'un minimum d'informations précises, nous ne pouvons pas nous hasarder dans des transactions risquées. Le CMF et les entreprises cotées sont plus que jamais appelés à multiplier leurs communications financières pour pouvoir estimer les dégâts et réviser les prévisions de bénéfices». L'investisseur a déploré quelques anciennes pratiques favorisant quelques investisseurs bien connus, notamment dans les transactions de blocs d'actions de certaines banques et autres sociétés. «Transparence oblige, les autorités compétentes sont appelées à veiller au respect des conditions nécessaires à toutes les opérations boursières». De ce fait, notre jeune investisseur pense que la «prudence est le mot d'ordre de la prochaine étape. Décidément, la vente de la majorité des titres, sous évalués, engendre une perte sèche. De même, les bas prix des actions ne signifient pas toujours bon marché. D'ailleurs, les actions d'une entreprise qui a subi des dégâts considérables continueront leur baisse, d'où l'impossibilité de réaliser une plus-value sur cession. Autrement, le maintien de ces titres donnera droit à de faibles dividendes, voire aucun, le résultat de cette année est très incertain pour plusieurs entreprises». Dans ces circonstances, il est judicieux de spéculer, quotidiennement, sur quelques titres par des petites mises. Pour la gestion de son portefeuille, l'investisseur procédera à une recherche exhaustive d'informations sur les entreprises dont il détient des actions afin d'évaluer le rapport entre les dividendes futurs et les plus-values de cession possibles. Cette comparaison permet de décider le sort de ces titres, en connaissance de cause. On apprend qu'un avis de CMF a été communiqué pour expliquer la situation de quelques titres suspendus à la séance du 31 janvier, à savoir Electrostar, Gif-Filter, Artes, El Wifack Leasing, Ennakl automobiles, la Société tunisienne d'équipement-Steq-, Carthage Cement et Stip.