Noureddine Bhiri entame une grève de la faim    L'ambassadeur d'Allemagne reçu par Kaïs Saïed à l'occasion de la fin de sa mission    Ministère de la Justice : Un nouveau président à la tête du Comité général des prisons et de la rééducation    Mauritanie : Près de 2 millions d'électeurs aux urnes pour les Présidentielles    Assises Nationales de la Transition écologique : Lancement du réseau interministériel de la transition écologique    Démarrage de la 40ème édition de la Foire internationale de Gabès    Moscou menace de "confrontation directe" en réponse aux drones américains au-dessus de la mer noire    Ministère de l'Intérieur : Limogeages au sein de la municipalité de Tunis    Sahline (Monastir): Coupure d'électricité prévue à Sidi Ameur    Express    Intermédiation immobilière : Pour relancer leur activité, les agences immobilières veulent changer    Transport aérien : Tunisie et Oman modernisent leur partenariat    Point de vue | Laissez le jeu !    MERCATO : Le FC Bâle sur Ismail Gharbi    Demain la finale de la Coupe de Tunisie ST-CAB (17h00 à Rades) : Quelle apothéose ?    IFC : Le Français David Tinel nommé nouveau représentant régional pour le Maghreb    Nouvelles nominations au ministère de l'Industrie, de l'Energie et des Mines    Météo : Persistance du temps chaud    Changements majeurs : Nouvelles nominations au ministère de l'Industrie et de l'Energie    Réveiller la belle au bois dormant    Adieu Mourad Karrout : Une vie vouée au théâtre et à la télévision    Le Kef ­- 4e art : Les 24 Heures de théâtre contre vents et marées    Le TMM du mois de juin se stabilise à 7,97 %    Kaïs Saïed, Smig, Mohamed Boughalleb… Les 5 infos de la journée    Un fort séisme ébranle les côtes péruviennes    Tunisie – METEO : Des cellules orageuses attendues sur le nord ouest    Maître Krifa : 10 ans de prison planent sur Abir Moussi, pour des faits qualifiés de crime    Ons Jabeur affrontera la Japonaise Moyuka Uchijima au 1er tour de Wimbledon    Nabil Ammar reçoit le consul honoraire de Tunisie au Texas    La Tunisie de Kaïs Saïed est bien en avance sur les Le Pen et Bardella    Les journalistes empêchés de couvrir le procès de Mohamed Boughalleb    Inauguration du Zarzis Smart Center II    La langue amazigh désormais disponible sur Google Traduction    Solidarité Tunisie-Palestine : La Tunisie dépêche un avion militaire chargé d'aides alimentaires au peuple palestinien    Accord pour reconduire Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne    Deux matches de suspension pour Faouzi Benzarti    Décès de l'acteur Tunisien Mourad Karout    Les Zarda à Kasserine : Une célébration culturelle et annuelle qui se réinvente    Présidentielle iranienne : Ouverture des bureaux de vote    Kaïs Saïed décide d'augmenter le smig    En débat télévisé, Biden et Trump s'échangent accusations et insultes    Foot mondial : sur quelles chaines suivre les matches du vendredi 28 juin ?    44e édition du Festival de Béja: Les préparatifs avancent à grands pas    « Le bout de la mer » de Fadhel Jaîbi censurée au Festival de Hammamet    Egalité des sexes aux Jeux Olympiques enfin réalisée    Le programme des huitièmes de finale de l'Euro 2024    Ragheb Alama enflamme les gradins de l'amphithéâtre de Carthage    Patrimoine militaire : Kais Saied met en lumière l'héritage Tunisien    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Identité numérique : De la fracture à l'inclusion numérique, beaucoup d'efforts restent à faire
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 06 - 2024

La piètre moisson enregistrée par la généralisation de l'identité numérique, après son lancement officiel en août 2022, avec en point de mire la numérisation des procédures administratives et l'abandon du papier de manière progressive, devrait pousser les décideurs à revoir leur copie, notamment en matière de stratégies de communication. Décryptage.
Une année après cette date, plus précisément en mai 2023, le ministère des Technologies de la communication (MTC) avait lancé la campagne d'inscriptions des fonctionnaires du gouvernement pour obtenir le Mobile ID, communément appelé «e-houwiya». L'opération des inscriptions a été étendue ensuite aux citoyens et aux Tunisiens résidant à l'étranger. Des campagnes de sensibilisation avaient été lancées, à cet effet, incitant les usagers à adhérer à ce service d'identité numérique. Le premier du genre dans notre pays, dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de transformation numérique 2022-2025.
Toutefois, depuis le début de cette année 2024, le nombre enregistré des identités numériques sur le portail ID mobile est de 85.915 (Tunisiens résidant à l'étranger inclus). Ce chiffre timide est très en deçà des attentes, eu égard aux ambitions et aux efforts déployés par le MTC. De multiples facteurs entrent en jeu.
Problème de communication ou réticence de l'usager ?
Le ministère de tutelle a donc tout mis en œuvre pour garantir le succès de ce grand projet de numérisation des services administratifs, avec le concours de plusieurs acteurs dont les opérateurs de téléphonie mobile, appelés, eux aussi, à inclure l'identité numérique dans leurs catalogues de services et à authentifier l'identité de tout demandeur, nous confirme une source autorisée relevant du MTC. Elle ajoute que l'identité mobile est composée d'un certificat électronique, d'un numéro de téléphone et d'un identifiant digital. Cette identité virtuelle est appelée à remplacer l'identité physique et permet de bénéficier d'e-services d'une manière sécurisée, comme dans le retrait de l'extrait de l'acte de naissance en ligne, la conclusion de contrat sous forme électronique pour l'achat et la vente de véhicules privés, l'accès aux services de la Cnam... Les conditions sont simples pour profiter de ces services et éviter les déplacements dans les administrations et la grogne habituelle de certains employés.
La même source explique qu'il suffit d'accéder à www.e-bawaba.tn pour profiter de tous les services dont le paiement des factures en ligne, les inscriptions scolaire et universitaire, et des achats à caractère commercial en ligne. Elle évoque également les services de e-berid, ce nouvel émail officiel national destiné à la correspondance avec les agences gouvernementales et les institutions publiques uniquement.
Une plateforme «Sajalni» a été également lancée, permettant l'identification des terminaux mobiles connectés sur le réseau national des télécommunications et qui vise la protection du consommateur tunisien contre les phénomènes de vol des terminaux mobiles, la contrefaçon, l'importation illégale. Tant de services louables, faut-il le mentionner. Mais, il y a toujours ce problème de communication qui fait en sorte que les citoyens ne sont pas bien informés et ne savant pas comment s'y prendre face aux plateformes. La mentalité joue aussi un rôle crucial dans le refus ou l'acceptation de l'identité numérique.
Complexité du processus d'enregistrement
A ce titre, Youssef, ingénieur en informatique dans une entreprise de la banlieue Nord, déclare à La Presse qu'il n'a jamais entendu parler du Mobile ID ! Ni pris connaissance des campagnes de sensibilisation diffusées à longueur de journée à la télévision. Son explication est simple: les jeunes ne regardent plus la télé et il fallait donc faire campagne sur les réseaux sociaux, notamment sur instagram ou placarder des affiches dans les centres fréquentés par les jeunes. Ce même avis est partagé par Khalil qui occupe le poste de directeur de communication et marketing dans une boîte privée au Lac 2 (gouvernorat de Tunis).
Pour bien d'autres usagers, et malgré la campagne initiée par le MTC visant à promouvoir l'identité numérique, ils semblent avoir tourné le dos à cette forme d'identité virtuelle déjà. Et ils ne sont visiblement pas prêts à se débarrasser de leur identité physique. Faire évoluer les mentalités n'est pas chose aisée. «Les mentalités sont plus difficiles à changer que l'ordre politique», mais d'autres facteurs entrent en jeu et expliquent les raisons de ce rejet de la digitalisation des services administratifs d'une manière générale.
Signalons que les réactions à cet égard ne sont pas toutes négatives, car d'autres personnes ont qualifié cette initiative de bonne et ont insisté sur la nécessité de booster davantage cette application pour qu'elle couvre d'autres services administratifs. Force est de reconnaître cependant que ces derniers ne sont pas nombreux. Les commentaires d'une grande partie d'internautes pointent surtout «la complexité» du processus d'enregistrement.
Selon une récente étude relative à l'inclusion numérique sur l'ensemble du territoire tunisien, fruit d'une collaboration entre le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et le ministère des Technologies de la communication, publiée en 2023, plus d'un tiers de la population (37%) est considéré comme inclus et donc a recours aux services digitalisés, avec un score moyen de 84.
Quelque 22 % de la population est inclus, avec un score moyen de 66. Une minorité de personnes est relativement exclue, avec un score moyen de 43. A l'échelle nationale, toutes populations confondues (utilisateurs et non-utilisateurs), le niveau d'inclusion numérique est quasiment égal à 50.
La fracture numérique mise en cause
Les personnes les moins incluses affichent généralement un faible niveau d'études, sont âgées de 45 ans ou plus, et ont un revenu faible. Ainsi, à l'échelle nationale (toutes populations confondues), l'écart constaté entre les revenus les moins élevés et ceux les plus élevés est de 53 points. Dans le même esprit, l'écart entre les 15-24 ans et les 55 ans et plus s'élève à 54 points, en faveur de la catégorie d'âge la plus jeune. S'agissant du niveau d'études, les individus ayant un niveau d'étude supérieur ont en moyenne un score de 67 points supérieur à ceux qui ne sont pas allés à l'école.
Le niveau de vie et celui d'études interfèrent donc pour opter ou pas pour l'identité électronique. La lenteur de la connexion et la généralisation de la fibre optique qui accuse un retard considérable dans plusieurs quartiers et régions du pays sont des facteurs dissuasifs qui ont effectivement découragé les citoyens de différents horizons à s'enregistrer, pour obtenir leur identité numérique, témoignent à La Presse des experts en technologie internet et multimédia. Il est à rappeler que l'indice mondial Speedtest classe notre pays au 104e rang en mai 2024.
Des projets à coûts onéreux
A ce propos, la source relevant du ministère des Technologies de la communication évoque le coût très élevé de l'infrastructure numérique et les gros efforts déployés dans le cadre du développement et de l'amélioration des infrastructures. Elle cite, à cet effet, le projet «Couverture des zones blanches» mis en œuvre dans le cadre du Plan national stratégique. L'objectif étant de généraliser l'accès internet haut débit à l'ensemble du territoire tunisien, en favorisant les zones de déploiement prioritaires, contribuant à réduire la fracture numérique entre les différentes régions du pays.
Notre source s'attarde également sur le projet «Edunet 10», fruit de la collaboration entre le ministère des Technologies de la communication et le ministère de l'Education, dans l'objectif d'établir un réseau national d'éducation au profit de 3.307 établissements scolaires. Elle reconnaît toutefois que la digitalisation est une culture à apprendre, ce qui signifie qu'un grand travail en amont doit se faire pour essayer de faire bouger les mentalités.
La stratégie nationale de transformation numérique a justement tenu compte de ce facteur et a mené des campagnes de sensibilisation, souligne-t-elle, avant de conclure que la diversification des services de l'identité numérique est susceptible d'impliquer, à moyen terme, les citoyens pour qu'ils adhèrent à cette initiative.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.