«Les mots peuvent-ils pénétrer les tableaux ? "Porosités" est une respiration, un souffle. A la fois à l'intérieur et à l'extérieur, tout est présence vivante. C'est une ouverture, un passage, une issue du moi vers le hors du moi». Le concept store Art'com abrite, depuis le 26 janvier, sa troisième exposition intitulée «Porosités» et montée par l'artiste et commissaire d'exposition Nesrine El Amine qui y expose également. On y rencontre les œuvres des artistes Sadek Gmach, Abdessalem Elfelah, Mohamed Ghassan, Rachida Amara, Moufida Ghodhbene, Hamda Saidi, Rabiaa Rinchi, Seif Fradj et Walid Galai. Le fondateur de la galerie, qui a ouvert ses portes le 15 décembre 2018, est le grand Sadek Gmach, peintre tunisien natif des années 40, qui a exposé un peu partout dans le monde et dont une grande partie de ses œuvres a intégré la collection de l'Etat. Grand amoureux du patrimoine, il fut en charge des activités culturelles de la municipalité de Tunis à partir de 1980 et monta de nombreuses expositions à la galerie Yahia et d'autres événements marquants. Il continue à peindre et propose, d'ailleurs, dans cette exposition un acrylique sur toile en grand format (comme le reste des tableaux d'ailleurs). Un grand plaisir que de (re)découvrir sa signature particulière et sa nouvelle figuration. «Porosités», comme l'explique la commissaire de l'exposition, est synonyme d'ouverture, d'échange avec l'œuvre d'art mais aussi entre les différentes pratiques et les différents artistes. Elle est plurielle car justement renvoyant à un dialogue multiple et continu. «Les mots peuvent ils pénétrer les tableaux ? Porosités est une respiration, un souffle. A la fois à l'intérieur et à l'extérieur, tout est présence vivante. C'est une ouverture, un passage, une issue du moi vers le hors du moi», note-t-elle dans un texte accompagnant l'exposition. Rachida Amara nous délecte avec ses deux acryliques sur toile, «Nightmare» et la «Chaise». Bien que préférant cette fois le pinceau au burin, l'on reconnaît tout de suite sa touche. La graveuse ne peut s'empêcher, dans «Nightmare», de poser ses traits dessinés sur les couches d'acryliques contournant le corps d'un sombre personnage androgyne. Les deux grandes peintures de Abdessalem Elfelah nous rappellent l'univers pictural de Paul Gauguin. Elfelah nous convie à un monde fantasmagorique à l'exotisme sinistre que même sa palette de couleurs prononcées et dominées par le magenta et autres bleus vifs ne peut atténuer. De la sculpture également pour intégrer ces porosités, celle en bois de Walid Galai intitulée «Bifurcation» et l'excellente «Salvation» de l'Irakien Mohamed Ghassen. Les sculptures «anthropomorphiques» de ce dernier renvoient à une gestualité précise et très expressive. A voir!