Les politiques de relance économique ont échoué, provoquant une détérioration vertigineuse de tous les équilibres financiers. Mise en place d'un programme de contrôle des importations, tout en veillant à réviser les conventions commerciales dont certaines clauses nuisent à l'économie nationale. L'expert Abdeljalil Bédoui n'y est pas allé par quatre chemins. Il a affirmé, lors de la dernière conférence de l'Institut tunisien des études stratégiques (Ites), le 28 août 2018, que «les politiques de relance économique ont échoué, provoquant une détérioration vertigineuse de tous les équilibres financiers». Les principales raisons ont trait, selon lui, à l'abandon de l'idée de renouvellement du modèle de développement, amenant tous les partis politiques à suivre le même modèle et le même discours. Ajoutons à cela une improvisation et l'absence de références dans la conception de politiques à court, moyen et long terme. Il a estimé que les politiques de relance économique se sont établies sans aucune référence à la gestion de la réalité économique, tout en marginalisant les compétences de l'Etat et en suivant des agendas politiques orientés vers les élections. De même, le modèle de développement a prouvé ses limites et ne peut plus absorber les efforts de développement, avec la fuite des capitaux, la fuite des cerveaux, les déficits enregistrés dans les secteurs de l'énergie et de l'eau, le déficit institutionnel, etc. Perte de productivité M. Bédoui a dénoncé également des politiques économiques qui ne sont pas adaptées, poussant vers une perte de productivité et une augmentation du déficit public au profit d'un secteur non organisé, qui échappe au système fiscal, et dans lequel se crée la richesse. «Pour sauver notre économie, le temps n'est plus au colmatage. Il faut des mesures exceptionnelles», a indiqué l'expert. Premièrement, il propose une loi d'urgence économique qui stipule la confiscation des propriétés des barons de la contrebande et la lutte contre l'évasion fiscale et le commerce parallèle. Deuxièmement, le changement de la monnaie. Troisièmement, la mise en place d'un programme de contrôle des importations, tout en veillant à réviser les conventions commerciales dont certaines clauses nuisent à l'économie nationale. Quatrièmement, il s'agit d'axer les efforts sur les secteurs de l'agriculture et du bâtiment et travaux publics. Et enfin veiller à réviser le système fiscal. Réformes colossales Des propositions qui ont été pleinement débattues lors de la conférence de l'Ites, sur la base desquelles des recommandations ont été formulées pour être présentées au Président de la République. Une première proposition concerne la réduction du gouvernement à 15 ministres. Il s'agit aussi d'unifier les banques publiques, soit la STB, la BNA et la BH, pour créer la Banque de l'Etat. On a proposé également d'unifier les caisses sociales, qui connaissent actuellement un déficit énorme et sont difficilement gérables, et de mettre la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) sous la houlette du ministère de la Santé. En ce qui concerne la dévaluation du dinar, la solution est dans l'arrêt de l'importation de certains produits de luxe ou non essentiels afin de contrer le déficit commercial. La réforme de l'impôt est aussi un axe primordial, avec l'objectif de le baisser, vu son poids énorme sur le citoyen tunisien.