Lamine Sassi est l'un des artistes peintres dont les œuvres sont les plus vendues en Tunisie. Au moins 60 tableaux ont été acquis par le ministère de la Culture dans le cadre de la Commission d'achat d'œuvres plastiques et des centaines d'autres peintures par des privés. Ses œuvres sont très prisées et à chacune de ses expositions, les amateurs d'art s'y précipitent pour se procurer une œuvre. Vendredi dernier, la Fédération tunisienne des arts plastiques a organisé un hommage à ce peintre au Palais Kheireddine, musée de la ville de Tunis. Plusieurs de ses collègues peintres lui ont offert des bouquets de fleurs et certains d'entre eux ont participé avec des témoignages dans lesquels ils ont évoqué le parcours artistique et l'aspect humain de ce peintre qui a marqué l'espace pictural tunisien et enrichi par ses œuvres le patrimoine culturel contemporain. Houcine Tlili, critique d'art, Brahim Azzabi, peintre, Hadheq Orf, critique, Mohamed El May, journaliste, sont intervenus au cours de cette cérémonie d'hommage en retraçant le parcours de Lamine Sassi et en décryptant son œuvre. Lamine Sassi a étudié à l'école des Beaux-arts de Tunis en 1970. Ridha Ben Abdallah lui a enseigné la peinture mais surtout la liberté de peindre. Il est le premier à avoir développé l'art contemporain en Tunisie avec l'exposition d'Irtissem 1971. Petit à petit, Lamine Sassi a construit « son propre espace pictural avec des continuités et des ruptures avec un dynamisme extraordinaire », selon Houcine Tlili. Il expose la première fois en 1976. Habib Bouabana, Lamine Sassi et Faouzi Chtioui constituaient à cette époque un trio inséparable. La première partie du système pictural de Lamine Sassi était basé sur la spontanéité du geste graphique sur la base d'un support plastique. Son œuvre se caractérise par l'insertion de signes issus du patrimoine tunisien. Par la suite, il essayera d'aménager une peinture abstraite sur des associations de plages de couleurs où les éléments graphiques vont se soustraire derrière des jeux de lumière et de couleurs. Après un stage à la Cité des arts de Paris où il a pu prendre connaissance de toutes les nouveautés dans le domaine des arts, il a commencé à développer une autre démarche où il récupère la figuration mais de façon libre. De 1981 à nos jours, et c'est la deuxième partie du système pictural de Sassi, il adopte la même démarche mais ponctuée de choix nouveaux et multiples : une peinture où les formes sont enchevêtrées et les expressions des personnages peints sont dramatiques. Sa technique est la même mais avec des différenciations, le jet spontané de la couleur qui crée un chaos pictural : « il jette la couleur, puis la soustrait avec un chiffon et en installe l'ombre et la lumière pour créer une ambiance dramatique ». Le peintre Brahim Azzabi a parlé de l'itinéraire du peintre, tout en évoquant l'amitié qui les lie. Mohamed El May a, à son tour, mis en exergue la valeur intrinsèque de l'œuvre picturale du peintre et le bonheur qu'il transmet à travers ses toiles tout en lumière et en couleurs. Najet Dhahbi, enseignante et peintre, a rappelé sa première rencontre avec les œuvres du peintre dont elle est une grande passionnée : « La première fois lorsque j'ai vu un tableau de Lamine Sassi, je suis restée une demi-heure à l'admirer tant il a suscité en moi le rêve et l'évasion. Je suis une grande admiratrice de ce peintre que je considère comme étant l'un des meilleurs de Tunisie », a-t-elle dit en substance. Hadheq Orf, poète à ses heures, a déclamé un texte poétique tout en tendresse à l'adresse de son ami Lamine Sassi.