L'Ugtt soutient et encadre les mouvements de protestation sociale dans les régions, invoquant sa volonté de les préserver contre l'instrumentalisation partisane En parallèle, les syndicalistes poursuivent les concertations avec le gouvernement dans le but de concrétiser les accords déjà conclus Entre le gouvernement Youssef Chahed et l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) version Noureddine Taboubi, il existe une relation assez particulière. L'une des caractéristiques fondamentales de cette relation est que le dialogue et les concertations ne s'arrêtent jamais même au moment où l'ensemble des observateurs s'accordent à dire que le divorce est pratiquement consommé et que Taboubi et Chahed n'ont plus rien à se dire. Il existe, semble-t-il, comme un deal secret entre le secrétaire général de l'Ugtt et le chef du gouvernement selon lequel les syndicalistes peuvent s'opposer (et quotidiennement s'il le faut) aux décisions gouvernementales (comme celles prises au profit de la région de Sfax), conduire ou encadrer les marches de protestation sociale dans les régions, lancer les ultimatums à la face du gouvernement dans les régions dites chaudes, appeler au niveau des secteurs à la révocation de tel ou tel ministre voire un directeur régional ou un délégué, etc. En contrepartie, quand il s'agit de prendre les décisions qu'il faut, Youssef Chahed et Noureddine Taboubi se rencontrent, généralement un jour après le passage de Taboubi au palais de Carthage, pour calmer les mécontents en leur faisant comprendre (les syndicalistes et beaucoup de Tunisiens n'ont plus désormais de décisions rédigées noir sur blanc pour saisir ce qui a été décidé) par exemple que les jours de Néji Jalloul à la tête du ministère de l'Education sont comptés, que Lamia Zribi a fauté et elle sera sanctionnée, que Majdouline Cherni n'en a plus pour longtemps à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports, etc. Le décor étant ainsi planté, les rencontres de dialogue et la concertation Ugtt-gouvernement se poursuivent à un rythme régulier au point qu'on s'est pratiquement habitué à une rencontre hebdomadaire Chahed-Taboubi. Hier, ce sont les membres de la commission supérieure des négociations sociales connue sous l'appellation 5+5 qui ont pris le relais pour se rencontrer au siège du ministère des Affaires sociales pour plancher principalement sur les accords déjà conclus et qui attendent concrétisation. Du côté syndicaliste, on souligne que ces accords concernent les secteurs de la santé, des finances, de la culture, des travailleurs des chantiers, de l'éducation. «Ils sont, en réalité, quelque 33 conventions de majorations salariales déjà signées et qui n'ont pas été appliquées jusqu'ici faute de non-publication dans le Jort des textes d'application leur afférents», souligne-t-on à la Place Mohamed-Ali. Outre les revendications à caractère financier, il existe aussi d'autres demandes à l'instar de l'institution de statuts pour les travailleurs dans les secteurs de la justice, des finances et de la culture. Hier, Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, a promis au nom du gouvernement que «les questions non encore réglées entre l'Ugtt et les ministres en question seront tranchées prochainement». Pour leur part, les syndicalistes n'ont pas manqué d'exprimer, selon le communiqué publié à l'issue de la réunion de la commission 5+5, leur satisfaction dans la mesure où la réunion «a été fructueuse et a permis de réaliser d'importantes avancées vers la concrétisation des accords relatifs à la fonction publique». Pour autant, les travailleurs des chantiers et les salariés des établissements publics attendront les deux réunions prévues dans les prochaines semaines.