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L'endettement reste en suspens Entretien avec... M. Chokri Rezgui, vice-président de l'Utap, chargé de la production agricole et animale et membre du bureau exécutif
Etes-vous satisfait des mesures prises par le gouvernement au profit du secteur de l'agriculture ? Les décisions prises sont importantes, mais insuffisantes. Les agriculteurs ont accumulé au fil des ans plusieurs problèmes comme celui de l'irrigation et de l'endettement. D'ailleurs, nous avons décidé de suspendre les mouvements de protestation afin de laisser le gouvernement appliquer les mesures prises et voir dans quelle mesure il tient à concrétiser celles-ci sur le terrain. Une réunion aura lieu au ministère de l'Agriculture pour définir les méthodes de création du Fonds des catastrophes naturelles qui a été l'une des doléances de l'Utap. Qu'est-ce que vous proposez pour résoudre le problème de l'endettement des agriculteurs ? Le problème de l'endettement des agriculteurs s'explique notamment par l'accumulation des intérêts. Pour résoudre ce problème, nous proposons d'annuler ces intérêts et de rééchelonner les crédits sur un certain nombre d'années pour permettre aux agriculteurs de démarrer sur des bases solides. C'est qu'actuellement, ces derniers ne sont pas en mesure de contracter des crédits pour la campagne. L'endettement des agriculteurs doit faire l'objet d'un débat entre les intervenants concernés, à savoir le gouvernement et les représentants des professionnels. Nous proposons aussi d'abandonner les dettes de 10 mille dinars au lieu de 5 mille dinars décidés par le gouvernement. Plusieurs personnes qui ne sont pas des agriculteurs ont contracté des crédits de la Banque nationale agricole et se sont fait passer pour des agriculteurs. De ce fait, tous les crédits octroyés ne sont pas revenus aux agriculteurs qui pratiquent l'agriculture. Nous suggérons des taux d'intérêt compatibles aux spécificités du secteur agricole qui est soutenu dans tous les pays du monde. Il faut revoir le système financier destiné au secteur agricole et avoir une institution de financement qui appuie le secteur. La mécanisation de l'agriculture demeure faible, de l'avis même du gouvernement. Que proposez-vous pour l'améliorer ? La mécanisation de l'agriculture coûte cher et n'est pas à la portée de tous les agriculteurs. Les moissonneuses-batteuses sont importées de l'étranger par les privés à un prix élevé. Certaines machines sont vétustes, ce qui fait perdre d'importantes quantités de céréales estimées de 7 à 10%. Il est nécessaire de renouveler le parc des moissonneuses-batteuses. C'est l'une des doléances de l'Utap même si leur prix est cher. L'Etat doit intervenir pour aider les agriculteurs à acheter ces machines. La mécanisation de l'agriculture constitue un élément de base pour réussir dans ce secteur. Comment peut-on exploiter les terres domaniales après leur restructuration ? L'économie solidaire est valorisée partout dans le monde. En Tunisie ça doit être aussi le cas. Nous avons déjà effectué une consulation élargie sur les terres domaniales avec la participation des agriculteurs et des spécialistes, mais les résultats ne sont pas encore rendus publics. On se demande bien pourquoi les résultats de cette consultation sont dans les tiroirs. Or sur la base de cette consultation on peut décider du sort des terres domaniales. Il est possible, par exemple, de créer des société de services pour exploiter ces terres qui ne doivent pas être cédées à des personnes qui les abandonnent faute de financement. La coopération entre les hommes d'affaires et les agriculteurs peut se traduire dans la création des coopératives agricoles qui auraient pour tâche de gérer ces terres et en tirer le meilleur profit.