Gérald Jean Moussa Darmanin (c'est lui qui a revendiqué ses origines algériennes juste avant de partir) est sans doute le ministre français de l'Intérieur le plus flamboyant depuis Nicolas Sarkozy (il a occupé cette fonction de 2002 à 2004 et de 2005 à 2007). C'est Darmanin qui a signé le plus d'expulsions d'étrangers délinquants, les extrémistes religieux surtout ; c'est lui qui a porté à bout de bras la nouvelle Loi sur l'immigration (que le nouveau ministre de l'Intérieur juge encore trop clémente), etc. Pour tous ces "services rendus à la nation" – les victimes de Darmanin ne partagent certainement pas cet avis – il fallait bien une "petite" récompense au moment de prendre sa mini retraite (il prépare ardemment la présidentielle de 2027)… Le député du Nord a «quitté Beauvau bien accompagné : pas moins de douze officiers de sécurité et trois voitures», tous à son service. Personne n'avait été aussi gourmand. L'affaire a été déballée ce mercredi 16 octobre par "Le Canard enchaîné", le grand spécialiste de l'exhumation des cadavres dans les placards – avec "Mediapart". Traditionnellement un ex-ministre de l'Intérieur «se contente d'un véhicule et de quatre gorilles», Moussa Darmanin c'est trois fois plus. Être le patron de tous les flics et gendarmes de France ne justifie pas tout. L'affaire est hautement embarrassante pour le nouveau chef de l'exécutif, Michel Barnier, qui a beaucoup de mal à vendre à ses concitoyens des restrictions budgétaires à tous les étages, même pour l'Education nationale, mesures couplées à une hausse des impôts et prélèvements que les Français encaissent très mal. Darmanin a fait ça alors qu'il était aux premières loges pour mesurer l'ampleur des déficits publics et le niveau d'endettement du pays, lesquels ont d'ailleurs valu au pays une sanction de l'agence de notation Fitch Ratings… Même l'actuel Premier ministre n'a pas des privilèges aussi étoffés. Le pire c'est que Darmanin a lui-même manoeuvré pour avoir ce traitement digne d'un monarque. Au moment de passer le flambeau à Bruno Retailleau le 24 septembre dernier il avait renforcé sa demande avec une note de l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat)… Ce document, consulté par "Le Canard", indique que dès le 8 juillet dernier Darmanin avait obtenu d'être placé par l'Uclat au niveau T2 à cause des dangers qui planeraient sur sa tête. L'ex-ministre est monté presque au maximum puisque le niveau T1 n'est accordé qu'en cas de guerre. Pourtant l'Uclat admet qu'elle ne dispose d'aucun «renseignement matérialisant un projet d'action violente ciblant Gérald Darmanin». Alors pourquoi ces largesses ?! On en reste donc à un simple principe de précaution, du fait surtout de «la sensibilité particulière des fonctions exercées par le ministre de l'Intérieur» mais également de «sa forte exposition médiatique». Un principe de précaution qui coûte très cher aux contribuables français… Mais une nouvelle évaluation du "dispositif Darmanin" – il faut bien l'appeler ainsi – est programmée d'ici la fin de cette année, il n'est pas exclu que la sécurité très bling-bling de l'ex-ministre soit retoquée face au tollé politique que provoqueront forcément ces révélations. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!