Pour augmenter le volume des doses administrées et atteindre un bon niveau de couverture vaccinale pour l'ensemble de la population, le comité scientifique de lutte contre le coronavirus compte cibler les 12-17 ans. Une tranche d'âge délicate qui fait l'objet de débat chez les scientifiques. La couverture vaccinale a pris son rythme de croisière. Le personnel soignant ne ménage pas sa peine et vaccine à tour de bras. L'intensification de la campagne, notamment à travers l'organisation de journées portes ouvertes, commence à porter ses fruits. En l'espace d'un mois, le nombre de personnes intégralement vaccinées a quasi doublé, passant de 937 mille au mois de juillet à plus d'un million 914 mille, soit environ 16% de la population. La barre des trois millions primo-vaccinés est désormais franchie. Selon les données publiées sur la plateforme Evax, plus de 971 mille personnes, âgées entre 18 et 39 ans, ont reçu au moins une dose de vaccin, soit environ 21% de cette population cible. Pour les plus de 40 ans, ce taux s'élève à environ 59%, avec plus de 2 millions 539 mille personnes ayant reçu au moins une dose. Ces chiffres, bien que parmi les plus élevés d'Afrique, demeurent en deçà des objectifs fixés par les autorités sanitaires qui tablent sur un taux de 60% d'ici au mois d'octobre. Le variant Delta affecte les bébés Pour augmenter le volume des doses administrées et atteindre un bon niveau de couverture vaccinale pour l'ensemble de la population, le comité scientifique de lutte contre le coronavirus compte cibler les 12-17 ans. Une tranche d'âge délicate qui fait l'objet de débat chez les scientifiques. En effet, la dernière vague épidémiologique causée par le variant Delta a montré que cette souche très contagieuse touche davantage les adolescents, les enfants et même les nourrissons. Et quand bien même cette mutation du virus ne semblerait pas présenter une grande dangerosité pour les plus de deux ans, elle est toutefois dangereuse pour les bébés. C'est ce qu'a affirmé, dans une déclaration à La Presse, Dr Moez Cherif, chirurgien pédiatre et président de l'Association tunisienne de défense des droits de l'enfant. Il nous explique que sous l'effet du variant Delta, le nombre de contaminations chez les adolescents et les petits enfants a considérablement augmenté. Ils sont, de ce fait, devenus des relais. "Il vrai que les enfants ne développent pas de forme grave de la maladie, mais ils peuvent, par contre, contaminer d'autres personnes, notamment celles à risque". En Tunisie, le variant Delta a été découvert chez des nourrissons qui peuvent présenter une forme grave de la maladie. Le pédiatre précise également que tous les cas graves chez les bébés ayant nécessité une hospitalisation sont des nourrissons de moins de 2 ans. " Pour les enfants âgés de 2 à 18 ans, on a constaté qu'effectivement, ils peuvent être déclarés positifs et transmettre le virus, sans pour autant développer une forme grave ", a-t-il soutenu. Les regroupements d'enfants sont une source de transmission directe Si le coronavirus n'est pas dangereux pour les jeunes âgés entre 12 et 18 ans, pourquoi alors les vacciner ? « La vaccination des adolescents s'inscrit dans le cadre de la vaccination massive de la population, répond le pédiatre, l'objectif est de rompre le cercle de transmission du virus et protéger les personnes les plus vulnérables, les nourrissons et les personnes âgées. Or, si les enfants ne sont pas vaccinés, le virus peut ne pas être dangereux pour leur santé, mais ils vont le transmettre à des personnes à risque de leur entourage, d'autant plus qu'à la rentrée scolaire, les regroupements d'enfants d'horizons divers sont une source de transmission directe", a-t-il encore développé. Le comité scientifique de lutte contre le coronavirus s'est penché sur la vaccination des 12-17 ans. Le directeur général du Centre national de pharmacovigilance et membre du Comité scientifique de lutte contre le coronavirus, Pr Riadh Daghfous, a cependant affirmé que ledit comité compte prendre son temps, avant de donner toute autorisation d'utilisation. La question du vaccin a en revanche été tranchée. Ce sera un vaccin à ARN messager, soit Pfizer-Biontech, soit Moderna. Ce dernier n'a pas encore déposé une demande d'autorisation de mise sur le marché (AMM). Le vaccin Pfizer l'a en revanche déjà obtenue, pour les plus de 16 ans, et, il a déposé une nouvelle demande concernant les adolescents âgés de 12 à 15 ans. " Le vaccin Pfizer obtiendra certainement l'AMM la semaine prochaine », affirme Pr Daghfous, dans une déclaration à La Presse. En effet, les enfants de 16 à 18 ans ont déjà la possibilité de recevoir le vaccin Pfizer. Pour l'heure, la stratégie vaccinale basée sur la priorisation ne les place pas encore comme éligibles. Vacciner les moins de 3 ans, la question fait débat La stratégie vaccinale ciblant les adolescents de 12 à 17 ans n'est pas encore finalisée. "Comment vacciner et qui ? C'est encore en discussion. Pour le moment, rien n'a encore été décidé", assure Pr Daghfous. Même si le taux de couverture vaccinale chez les adultes s'améliore progressivement, il demeure insuffisant. C'est pourquoi la priorité est toujours donnée aux adultes. Les enfants de moins de 18 ans porteurs de maladies chroniques ou de pathologies entraînant un déficit immunitaire sont également éligibles. Ces cas particuliers peuvent être traités à travers la plateforme Evax où une rubrique est dédiée à la demande de priorisation, notamment pour les enfants porteurs de maladies chroniques qui peuvent entraîner une immunodépression. Si la vaccination des plus de 12 ans fait l'unanimité dans la sphère scientifique mondiale, l'idée d'inoculer les moins de 12 ans est en train de faire son chemin dans certains pays. " La vaccination des adolescents de 12 à 17 ans, a déjà démarré en Europe et aux Etats-Unis. Dans d'autres pays, explique Dr Cherif, le vaccin a été autorisé pour les moins de 12 ans également. Dans les pays du Golfe, on a commencé à vacciner à partir de 3 ans. Or, la démarche ne fait pas l'unanimité, contrairement à la vaccination des enfants âgés de 12 ans et plus qui fait consensus".