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Ces choses que l'on ne dit pas à notre jeunesse
Publié dans Business News le 25 - 12 - 2018

Abderrazak Zorgui s'est immolé, hier, par le feu laissant derrière lui une progéniture désormais orpheline, beaucoup de colère et plusieurs questions. Des questions que nous connaissons tous, mais qui restent sans réponse. La scène de son immolation par le feu a été entièrement filmée et fait le « bonheur » des voyeurs assoiffés de sang. Elle rend surtout service à ceux qui voudraient brûler tout le pays pour remplacer le système existant par un système dont on ignore tout. La mort de Abderrazak Zorgui, paix à son âme, n'est pas surprenante. Il n'est ni le premier, ni le dernier hélas. Ce qu'il demande, nous sommes incapables de le lui donner. Cette misère dont il souffre, ce système est incapable de l'en sortir. Il figure parmi ceux qui sont laissés sur le bas-côté d'un système qui ne jure que par le meilleur, que par les brillants, que par les courageux, que par ceux qui ont le mérite d'entreprendre et qui ont la force du sacrifice. Un système qui honnit l'assistanat. C'est une des taxes de ce que subissent les pays développés qui doivent faire face, eux aussi, à cette misère de leurs concitoyens laissés sur le bas-côté. Des suicides, des SDF, des dépressifs, des pauvres, ils en comptent par milliers, mais ils ne font plus (depuis des lustres) la une des journaux.
Abderrazak Zorgui voulait un travail décent qu'il n'a pas réussi à obtenir. Il veut que l'Etat lui trouve un emploi qu'il est incapable de donner. Paradoxalement, du côté des employeurs, on se plaint tous les jours de ne pas trouver de bonnes personnes à recruter, des compétences capables de travailler de suite en acceptant le sacrifice que tout un chacun connait en début de carrière. Les uns s'immolent par le feu, les autres prennent le chemin de l'émigration (clandestine ou légale) et les autres plongent dans le désespoir.

Il y a des questions qu'on ne pose jamais ou qu'on ne pose que rarement et en toute discrétion. Qu'est-ce qui pousse un jeune à accepter un emploi précaire et sous-qualifié en Europe, mais exige un emploi décent et digne de son diplôme dans son pays ? Pourquoi un jeune accepte de travailler dans un trou perdu en Europe, mais pas dans une ville de province en Tunisie ? Pourquoi un jeune accepte de faire un stage-emploi gratuit en Europe, afin de prouver ses compétences, mais exige d'être bien rémunéré en Tunisie dès le premier jour sans même avoir fait ses preuves et juste parce qu'il a une maîtrise de tel institut supérieur ou un master de telle faculté ?
Le président français Emmanuel Macron a soulevé le tollé, il n'y a pas longtemps, en disant qu'il suffit de traverser la rue pour trouver du travail. Il a rapidement battu en brèche, car ses propos ont été jugés indécents par rapport à la crise que subit la jeunesse française et les Français tout court. Allez demander à n'importe quel chef d'entreprise en Tunisie et il vous dira la même chose : de l'emploi, il y en a dans le pays, il suffit de traverser la route, d'accepter le sacrifice jusqu'à ce qu'on fasse ses preuves. Les compétences, les chefs d'entreprise se les arrachent, mais elles ne courent pas les rues.

Il y a des choses qu'on ne dit jamais à notre jeunesse ou qu'on ne dit que rarement et en toute discrétion. Quand on a réussi à obtenir son diplôme avec de la fausse copie et que l'on se présente à son entretien d'embauche avec une tenue déglinguée (je ne dis pas fripée, je dis bien déglinguée pour ne pas dire sale) et un CV tâché et bourré de fautes, voire sans CV du tout, on ne peut pas prétendre à un emploi. Quand on se présente à un entretien d'embauche et que la première question est « combien vous payez ?» et qu'on refuse de montrer ce qu'on a d'abord dans le ventre, on ne peut pas prétendre à un emploi décent. Si le candidat lui-même présente mal sa candidature et sa personne, il ne peut pas trouver un bon emploi car il ne saura jamais bien représenter son entreprise. Ou bien, au meilleur des cas, il va trouver un emploi à son image ! Il y a des choses qui doivent être dites haut et fort. Frapper tout le temps sur l'Etat et les employeurs, c'est un bel exercice que nous entretenons très bien depuis 2011 et même avant. Les exemples venus d'ailleurs, à commencer par les gilets jaunes français, ne nous encouragent pas vraiment à changer de discours. Mais il le faut ! Il faut expliquer à tous ces jeunes, à tous ces gilets jaunes et ces gilets rouges, pourquoi les uns trouvent rapidement du travail et d'autres pas. Il faut refuser définitivement et opposer une fin de non-recevoir à cette réponse, toute prête et toute confortable, que ceux qui trouvent du travail sont des gens bien nés, fils de X ou de Y ou des adeptes des promotions canapé. Il faut dire à ceux qui émigrent que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs et que si tu es capable de réussir à l'étranger, c'est que tu peux être capable de réussir dans ton pays, là où tu maîtrises la culture, la langue et l'environnement. Il faut dire à ceux qui réclament indéfiniment l'assistanat de l'Etat que l'on doit d'abord et avant tout compter sur soi-même et qu'il faut donner à son pays avant de lui réclamer ce que lui doit te donner.

Les premiers qui doivent dire cela et dicter à nos jeunes ces rudiments de la vie sont les éducateurs et les enseignants. Le drame est que les enseignants ne sont pas en train de dire cela. Pas tous en tout cas et si une minorité le dit, elle est vite étouffée par la majorité bruyante.
La crise du syndicat de l'enseignement continue et on menace de boycotter les examens du 2ème trimestre et ce après avoir boycotté ceux du 1er trimestre. La semaine dernière, on s'est élevé contre le recrutement de vacataires par le ministère.
En clair, ceux qui travaillent sont en train d'empêcher de travailler ceux qui ne travaillent pas et ils demandent plus, toujours plus.
Quel message donnent ces enseignants à leurs élèves ? Le pire message ! Aucun sens de la pédagogie, aucun sens du danger ! Se rendent-ils compte que ces adolescents qu'ils menacent de ne pas leur donner leurs examens et qu'on menace (dans les couloirs) d'année blanche, sont fragiles ? Que peut penser un élève-ado quand il voit son professeur le menacer de ne pas lui passer d'examen alors qu'il a passé la nuit à réviser ? Que peut penser cet élève-ado quand il voit son professeur le menacer dans l'unique rêve qu'il a actuellement dans la vie, celui de réussir brillamment son bac ? Quelle génération future nous préparent tous ces grévistes de l'enseignement ?

Si nos enseignants-grévistes sont eux-mêmes analphabètes, qu'ils n'ont pas le sens des rudiments de la vie, qu'ils n'ont pas le sens de la pédagogie, qu'ils n'ont pas le sens du devoir vis-à-vis de leurs élèves, comment peuvent-ils nous préparer une génération future ? Ce que ces enseignants-grévistes sont en train de faire, c'est de préparer de nouveaux Abderrazak Zorgui ! Ils sont en train de pousser les riches (et même les moins riches, ceux de la classe moyenne) à faire sortir leurs enfants des écoles publiques pour les inscrire dans les écoles privées (dont les riches directeurs seront encore plus riches grâce à eux). Ils sont en train de polariser encore davantage la société et préparer la polarisation de la société de demain. Les fils de riches iront dans de bonnes écoles, sans grèves et avec des examens, alors que ceux des pauvres iront dans des écoles sans moyens avec des enseignants au QI réduit et dénués de pédagogie ! Voilà l'avenir que nous préparent nos enseignants-grévistes ! Paix à ton âme Abderrazak Zorgui, tu es une victime de tout un système, tu es victime de patrons rapaces, tu es victime d'une loi qui veut que tu paies seul la pension alimentaire de tes enfants, tu es victime d'un système scolaire où les enseignants ne pensent qu'à eux-mêmes, tu es victime d'une administration bureaucratisée à souhait, tu es victime d'une « analphabétisation » générale qui ne valorise pas le travail et ne pense qu'aux augmentations, qu'aux séances uniques, qu'aux congés, qu'aux avantages. Tu es victime d'un système injuste certes, mais tu es aussi victime d'une société qui refuse de se regarder dans le miroir et de faire son autocritique. Une société qui préfère critiquer éternellement ses gouvernants en qui elle a trouvé un éternel bouc émissaire responsable de toute sa réelle misère. Paix à ton âme !

Le président de l'association des Ivoiriens de Tunisie, Falikou Koulibaly, est décédé tard dans la soirée du 23 décembre 2018, suite à un acte criminel. Il a été victime d'un braquage et les criminels seraient déjà arrêtés et, si leur crime est avéré, ils risquent la peine capitale. Certains ou plusieurs parlent d'un crime raciste. Rien ne le démontre pour le moment. Un braquage suivi d'un meurtre, on en voit de plus en plus dans ce pays. Notre police préfère hélas s'occuper des couples qui se bécotent, des jeunes qui fument de l'herbe, des restaurants et cafés qui ouvrent le ramadan et des bars qui ouvrent le jour des fêtes religieuses. C'est un fait, notre police de moins en moins équipée est de plus en plus inefficace. Ceci est un fait, notre sécurité est défaillante. Que nous ayons beaucoup de racistes (et régionalistes) parmi nous, ceci est également un fait. Que nous ayons failli à protéger notre invité Falikou Koulibaly est indéniablement un autre fait. Mais que l'on fasse le raccourci pour transformer ce crime odieux en crime raciste est un pas qu'il est dangereux de franchir d'autant plus que rien ne l'étaie et le prouve ! Paix à ton âme Falikou Koulibaly ! Mes sincères condoléances à toute la communauté ivoirienne vivant en Tunisie et la communauté ivoirienne tout court. Vous êtes nos invités et on se fait un grand plaisir et honneur de vous recevoir parmi nous. Des criminels, il y en a partout, des racistes, il y en a partout, main dans la main faisons de telle sorte de les écarter de nos cités, même s'il faut des générations pour le faire !


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