Par Khaled TEBOURBI Zorgui, Koulibali, un suicide et un meurtre, 2018 se termine comme il a perduré : triste, morbide, violent. L'année n'a ménagé personne, soit, mais ce «final» ébranle plus que tout. Au-delà de tout. Le meurtre de Kallifou Koulibali, braqué et poignardé pour un simple mobile, a été un choc pour nous. Pour tout le monde, en vérité. On était en ville le lendemain. Il n'y avait pas que la manif de nos frères africains. Il y avait de l'indignation, un sentiment de honte, voire, chez tous les compatriotes que nous avons croisés. Pour les Tunisiens, ce crime nuit à l'image du pays. Celle-ci est trop écornée déjà, par le terrorisme, par la crise économique et sociale, pour que s'y ajoute une suspicion de racisme. «Racisme» a été le premier argument brandi par les manifestants, et repris, aussitôt, par nombre d'intellectuels, d'activistes de la société civile et de médias. Le premier ? L'unique, peut-être. Le seul, a-t-on compris. L' impression ? On en rajoute. C'est comme si on marginalisait des faits pour «le plaisir d' un débat». Les faits indiquent, eux, que six jeunes, très jeunes (16 à 20 ans)délinquants se sont attaqués à un résident ivoirien pour le voler. Il s'agissait d'un braquage comme il y en a tous les jours à Tunis et ailleurs. Qui a mal fini, cela arrive, de même. Alors, de quel racisme parle-t-on ? La délinquance pullule en Tunisie. Elle est jeune, pauvre, sans emploi, et «passe» son désespoir et sa misère en prenant des drogues et en usant de violence. A cet âge, et sous ces «viles» conditions, commet-on un meurtre au seul motif que «l'on déteste les Noirs africains» ? Allons donc !En remontant l'Histoire de la Tunisie indépendante on ne trouve trace de cela. De rares, très rares incidents, à la limite. Mais pour le reste, pour tout le reste, que des souvenirs d'amitié, de fraternité, d'échange et de partage. Que des noms de leaders prestigieux, communs : Bourguiba, Boigné, Senghor, Sékou Touré, Mandela. Que des générations d'étudiants venus faire des études et forger des carrières ici même, des décennies durant. Non, s'il y a eu malheur, si nos frères ivoiriens ont perdu un des leurs, s'ils ont vécu une telle tragédie, ce n'est (hélas !)que parce que la criminalité, causes et conséquences, est pratiquement hors stratégie sécuritaire depuis la révolution. Pourquoi ?Les responsables invoquent l'excuse du terrorisme . Jusqu'où ?Jusqu'à quand ?Il y a des morts, des mutilés et des spoliés quand des braqueurs terrorisent des villes au quotidien. La paix urbaine compte aussi, messieurs ! Un mot, juste, du défunt collègue Zorgui. Juste un mot, car le cas «se complique» et qu'il faudra sans doute attendre avant d'en juger. Le sentiment, tout de même, qu'il y a «pression». Zorgui a bien sorti une vidéo pour annoncer qu'il allait s'immoler. La police, elle, veut enquêter sur les circonstances de «l'immolation». On manifeste dans le pays. Le problème est de savoir si Zorgui est un second Bouazizi.