Soutien indéfectible du Snjt et de la Haica La dépouille du photographe journaliste Abderazzek Zorgui qui s'était immolé par le feu, lundi, a été inhumée hier au cimetière Awled Aziza à Kasserine. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux quelques heures avant sa mort, le défunt a critiqué acerbement la situation de précarité dans laquelle vivent les habitants de la région de Kasserine et leur marginalisation en raison notamment du chômage qui sévit. Il a tenu à préciser qu'il n'apparentait à aucun parti politique et qu'il allait se suicider en raison des promesses non tenues concernant la création de postes d'emploi, depuis huit ans. Il a appelé à la fin de son message enregistré ceux qui n'ont pas de travail à manifester à la Place des Martyrs à Kasserine, là où il avait mis fin à sa vie. La situation a très vite dégénéré dans quelques cités à Kasserine suite au drame qui a eu lieu devant un grand nombre de personnes, ce qui a nécessité l'intervention des unités sécuritaires. Le Syndicat national des journalistes a également réagi et n'a pas exclu une grève générale dans le secteur des médias en réaction à la dégradation de la situation des journalistes. De son côté la secrétaire générale du Snjt, Soukeina Abdessemad, a déclaré à La Presse que cet acte traduit non seulement la souffrance de ce jeune mais celle de tous les jeunes, notamment dans les régions de l'intérieur. Ceci amène à parler de ces institutions de presse privées qui font fi des textes de loi et ne respectent pas les contrats de travail, ouvrant la voie au travail précaire que le Snjt condamne d'une manière ferme, a-t-elle ajouté. « Aujourd'hui, on est appelé à agir et à exercer toute la pression sur le gouvernement qui doit assumer ses responsabilités à l'égard des dépassements de certaines institutions de presse qui soumettent les journalistes à la loi de la jungle », martèle-t-elle. Et de conclure que le Snjt va prendre les mesures qui s'imposent lors de la réunion du bureau exécutif. Parmi ces mesures, l'organisation d'une série de mouvements de protestation auxquels prendront part les différentes parties sociales en vue de mettre terme à ces exactions et à la précarité qui touche le métier du journaliste. Préserver la dignité des journalistes La vice-présidente de la Haica, Essia Laabidi, a déploré ce drame et a souligné la nécessité de préserver la dignité des journalistes. « On condamne et on ne peut accepter ce qui vient d'arriver à ce journaliste », a-t-elle fait savoir. Elle a ajouté que la Haica ne dispose pas encore de tous les éléments susceptibles d'éclaircir cette affaire qu'elle suit de près. A cette occasion, Essia Laabidi a tenu à rappeler le soutien de la Haica aux journalistes et ses positions visant à assurer leurs droits dans l'exercice de leur fonction. Elle a déploré la situation de précarité des journalistes, ce qui les prive notamment de la stabilité sur le plan professionnel. Les conditions dans lesquelles le suicide a eu lieu ont toutefois donné lieu à plusieurs informations contradictoires et des doutes. La sœur de la victime n'a pas manqué de confirmer sur les ondes d'une radio privée que son frère ne s'est pas auto-immolé et que la vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux montre bien qu'il a été immolé par une autre personne se trouvant derrière lui. Une enquête pour homicide volontaire et non assistance à personne en danger a été ouverte suite au décès de Abderrazek Zorgui.