Intervenant à Doha lors d'un colloque organisé par la chaîne qatarie Al Jazeera, Adnène Mansar a été particulièrement sévère à l'encontre des pays européens à propos de leur soutien à la Tunisie et sa révolution. D'après le secrétaire général du parti Irada et chef de cabinet de l'ancien président Moncef Marzouki, il y aurait beaucoup d'hypocrisie occidentale concernant la Tunisie et beaucoup de langage mielleux. « Bien sûr, je savais qu'il y avait de l'hypocrisie, mais j'ai été surpris par son ampleur », a-t-il déclaré. Laissant vraisemblablement entendre qu'il parle de la France, il a poursuivi : « Il y a des pays démocratiques depuis deux siècles qui, lors des conférences de presse, usent de langage mielleux quand on parle de rééchelonnement des dettes ou d'investissements, mais qui viennent ensuite marchander pour de nouveaux marchés et de nouveaux appels d'offres avec des conditions plus dures. Et c'est à cause de ces conditions que nous croulons sous les dettes. Sincèrement, je doute que les pays occidentaux ont besoin du succès de l'expérience démocratique tunisienne ».
Adnène Mansar rappelle ensuite que l'essentiel des échanges de la Tunisie se fait avec l'Union européenne et que la stabilité de la Tunisie est corrélée avec la poursuite de ces échanges. « Or on remarque que les investissements européens en Tunisie ont régressé, alors que l'on est, en parallèle, en train de souiller en quelque sorte la scène politique tunisienne et de comploter contre sa démocratie. Je ne parle pas uniquement de quelques pays arabes ou islamiques avec l'injection de fonds suspects, je parle de la volonté de maitriser la société civile tunisienne à travers des programmes de financement. Il y a beaucoup d'argent qui circule en Tunisie, mais cet argent est injecté partout, sauf dans l'investissement et la stabilisation économique de la Tunisie. Je ne crois vraiment pas que l'on cherche à préserver la démocratie et l'expérience tunisienne. Je pense que c'est de la parlote et des espérances qui ne coutent rien. Il y a beaucoup d'hypocrisie et il faut lever le voile sur cette hypocrisie. »
On rappellera que Adnène Mansar, qui parle d'hypocrisie et d'ingérences étrangères était en train de parler dans une tribune offerte par la chaîne Al Jazeera, financée par le Qatar, qui ont tout fait pour soutenir son ancien parti CPR et les différentes associations dites révolutionnaires dont le financement a toujours été opaque. On rappellera également que, durant sa campagne électorale, Moncef Marzouki a été discrètement soutenu par le Qatar et par la France et que cette même campagne a été épinglée par la Cour des comptes et par l'ISIE dans plusieurs de ses aspects dont l'origine de ses fonds.