Le ministre de l'Education, Néji Jalloul, a déclaré récemment qu'il avait invité Hizb Ettahrir à prendre part au dialogue national sur l'éducation qui doit avoir lieu prochainement. Il faudrait revenir un peu sur les motivations et les objectifs de ce « parti ». En gros, leur programme est de faire appliquer la Chariâa et d'instaurer un califat en Tunisie. Cette bande de fanatiques refuse la « Constitution laïque » établie par l'ANC. Entre autres joyeusetés, Hizb Ettahrir a sur son site une rubrique appelée les « publications de l'Emir ». Un petit tour sur cette rubrique montre l'étendue de la bêtise de cette organisation. A titre d'exemple, on peut y trouver la manière dont doivent s'habiller les femmes non-musulmanes en Tunisie. Son éminence l'émir dit que les femmes non-musulmanes doivent porter l'habit de leurs religions, c'est-à-dire les habits des nonnes s'il s'agit de chrétiennes par exemple. Sinon, elles doivent porter l'habit religieux musulman à savoir le « jelbab » et le voile. Il leur est interdit de porter des pantalons… Ce n'était qu'un petit échantillon des principes de ce parti extrémiste qui ne croit ni à la démocratie, ni aux élections. Un parti qui remet en cause toute la pensée démocratique et droits-de-l'hommiste et qui ne croit qu'à l'application aveugle de préceptes d'un autre âge. Et bien ce parti est invité à donner son avis sur la réforme du système éducatif tunisien ! Ils pourraient préconiser des choses comme la séparation des garçons et des filles, ou peut être demander à ce que les filles soient dispensées d'enseignement carrément. De toutes façons, ils ont été invités par le ministre à donner leur avis, donc pourquoi ils s'en priveraient ?! Mais pourquoi le ministre les a-t-il invités ? Ce dernier, dans sa déclaration, a justifié cette décision par le fait que « Hizb Ettahrir » est un parti qui a une existence légale, par conséquent, il n'a pas à être exclu du dialogue national sur l'éducation, le tout pour démontrer que ce dialogue n'a pas d'orientation idéologique prédéterminée. Néji Jalloul cherche certainement à faire preuve d'ouverture et d'altruisme. C'est ce qu'il avait d'ailleurs fait en cédant aux exigences d'un syndicaliste qui disait : « Que celui à qui cet accord ne plait pas, boive l'eau de mer ! ». Il a peut-être raison, mais à ce moment-là il faudrait être cohérent parce que la liste des invités potentiels pourrait s'allonger. Pourquoi Bahri Jelassi ne participerait-il pas à ce dialogue national ? Il est le chef du parti de l'Ouverture et de la Fidélité, le POF (ça ne s'invente pas !). Parmi les plus « belles » déclarations de Bahri Jelassi on trouve celle où il informe qu'il va construire un pont reliant la Tunisie et l'Italie. Il a également déclaré que les jeunes filles de 13 ans devraient pouvoir se marier librement et que s'il le pouvait, il se marierait avec une fillette de cet âge. Ce « cerveau » devrait lui aussi avoir son mot à dire concernant l'éducation de nos enfants, n'est ce pas monsieur le ministre ? Si le seul critère retenu est celui de l'existence d'un parti légal, Bahri Jelassi devrait avoir sa place. Il semble avoir les idées claires concernant l'avenir des fillettes de ce pays. Il devrait pouvoir les soumettre aux autorités pour qu'elles s'en inspirent. Un autre grand oublié de ce dialogue sur l'éducation, Adel Almi. Il est le chef du parti « Zitouna » après tout. Donc, il a le droit de donner son avis sur l'éducation en Tunisie. Parmi les frasques de ce prédicateur, sa volonté de photographier toutes les personnes qui ne jeunent pas pendant ramadan pour les mettre sur les réseaux sociaux et les dénoncer à l'opinion publique. C'est aussi un fervent défenseur de la polygamie. Selon lui, la polygamie aide à lutter contre le cancer de l'utérus ! Et en plus, il le justifie en disant : «L'utérus , scientifiquement parlant, n'est purifié qu'au bout de 130 jours d'abstinence sexuelle, sinon la femme risque d'avoir un cancer du col de l'utérus. C'est pourquoi, la polygamie peut la protéger contre cette maladie puisque l'époux peut lui accorder un congé en allant vers les autres épouses». Une lumière pareille devrait quand même avoir d'autres « vérités scientifiques » à déverser au dialogue national sur l'éducation ! Il était déjà difficile d'être un enfant en Tunisie, ça le devient encore plus avec ce type d'initiatives populistes et dénuées de sens. Il est inutile ici de revenir sur l'importance de l'éducation des jeunes tunisiens. Mais il ne faut pas s'inquiéter, Néji Jalloul s'en occupe, en compagnie d'un syndicat qui dit à ceux qui ne sont pas d'accord avec lui de boire l'eau de mer et de Hizb Ettahrir, qui prône le califat. Tout va bien !