L'avocate et membre du comité de défense dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd, Imen Gzara a indiqué que la prononciation d'un jugement en première instance ne signifiait pas la fin de l'affaire. Elle a assuré que le communiqué du mouvement Ennahdha à ce sujet induisait l'opinion publique en erreur. Le mouvement Ennahdha avait publié, le 27 mars 2024, un communiqué évoquant l'innocence du parti et l'absence de lien avec l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd. Il a évoqué comme principal argument la liste des accusés ne comptant aucun de ses dirigeants et condamnés par la justice pour l'exécution de l'assassinat quelques heures avant la publication de ce communiqué. S'exprimant à ce sujet le 3 avril 2024 durant « Sbeh El Ward » de Hatem Ben Amara sur Jawhara Fm, Imen Gzara a expliqué que l'affaire en question ne portait pas sur toutes les phases de ce crime. Elle ne porte que sur l'exécution. D'autres affaires liées à la planification et à la dissimulation de faits et de preuves par la suite sont en cours, d'après elle. « La prochaine audience aura lieu le 30 avril… Elle concerne six dirigeants du mouvement Ennahdha… Parmi les noms des accusés, figure Hichem Cherbib, Kamel El Ifi, Mustapha Khedher et Taher Bahri… Il y a aussi des dirigeants sécuritaires… Certains d'entre eux comparaîtront en état de détention… Il y a d'autres affaires… Rached Ghannouchi fait l'objet d'une enquête ouverte auprès du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme… Son conseiller sécuritaire aussi… L'affaire compte 35 accusés, dont des dirigeants de l'appareil d'Ennahdha et des dirigeants sécuritaires… Les auditions d'autres accusés ont fourni de nouvelles informations ayant conduit à l'ouverture de nouvelles enquêtes portant sur le rôle de deux membres d'Ennahdha dont Ridha Barouni », a-t-elle ajouté. Imen Gzara a indiqué que certains avocats faisaient l'objet d'une enquête au sujet des liens avec des membres de l'organisation terroriste Ansar Al Charia. Elle a assuré que l'enquête ne portait pas sur l'exercice des avocats de leurs fonctions. L'avocate a expliqué que les affaires des assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi avaient pris la forme de plusieurs enquêtes réalisées de façon parallèle. Elle a affirmé que le ministère public n'était pas libre de ses agissements et que les retards avaient résulté de l'emprise qu'avait le mouvement Ennahdha sur la justice. Imen Gzara a assuré que la sentence a été prononcée en se basant sur le travail réalisé par l'ancien juge d'instruction, Bechir Akremi. Elle a expliqué que douze personnes avaient été exclues de la liste des accusés par ce dernier, mais que la chambre d'accusation les avait réintégrées à cette liste. Elle a cité plusieurs exemples, dont celui de Mohamed Omri, ayant égorgé des soldats tunisiens. Il avait été libéré par Bechir Akremi au début de l'affaire. L'avocate a, également, affirmé que l'ancien juge d'instruction faisait l'objet de poursuites en justice pour avoir falsifié et dissimulé des preuves dans les affaires des assassinats. Imen Gzara a indiqué que plusieurs entités dont l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates, l'Ordre national des avocats de Tunisie, le parti "Al Watad" et le ministère public ont fait appel à la décision.
Pour rappel, la cinquième chambre criminelle spécialisée dans les affaires terroristes près le Tribunal de première instance de Tunis a rendu, tôt le matin du mercredi 27 mars 2024, son verdict dans l'affaire de Chokri Belaïd et cela après plusieurs heures de délibération. Sur les 23 accusés (quatorze en état d'arrestation et neuf en liberté), quatre ont été condamnés à mort, deux à la réclusion à vie, cinq ont eu des non-lieux alors que les autres ont été condamnés à des peines allant de deux à 120 ans pour chacun des crimes qu'on leur reproche. Tous les accusés seront soumis à un contrôle administratif allant de trois à cinq ans.