Le comité de défense dans l'affaire des assassinats des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi a tenu une conférence de presse le 1er juin 2022 afin d'apporter des éclaircissements sur l'évolution de l'affaire. Au cours de cet événement, l'avocat Koutheir Bouallègue a assuré que toute révélation ou information communiquée par le comité de défense était accompagnée de preuves assurant la véracité de celle-ci. « Nous essayons petit à petit de dévoiler la vérité. La route est longue, car il s'agit d'assassinats politiques. Il s'agit de crime auquel l'Etat a participé… Nous allons présenter de nouvelles informations grâce à votre soutien et aux efforts des avocats tunisiens », a-t-il ajouté. Koutheir Bouallègue a expliqué que le ministère de l'Intérieur refusait depuis plus d'un an et demi de communiquer le rapport relatif aux instructions préparatoires. Il a considéré que ce rapport permettra de dévoiler les défaillances et les complices dans l'affaire au niveau du ministère. Il a affirmé que certains employés du ministère de l'Intérieur pouvaient être accusés de complicité de meurtre conformément à l'article 32 du code pénal. Il a révélé que le ministère de l'Intérieur avait expliqué que l'Inspection générale avait transféré le rapport au directeur général de la sûreté nationale sans garder une copie. « Il s'agit du même ministère, du même pays. Le bureau du directeur général est à deux pas de celui de l'inspection… Il s'agit d'un échantillon… 17 instructions préparatoires ont été réalisées… Le ministère de l'Intérieur a refusé de les appliquer… Aujourd'hui, rien n'a changé… Nous allons poursuivre le ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine, en cas d'obstination du ministère de l'Intérieur… Nous avions vu dans le passé comment le juge d'instruction de la chambre douze avait procédé à la saisie des documents se trouvant dans une chambre au sujet de laquelle Hichem Fourati avait menti et dissimulé l'existence », a-t-il ajouté. Par la suite, l'avocat Ridha Radaoui est revenu sur le rôle joué par Bechir Akremi dans les affaires des assassinats. Il a expliqué qu'il est passé de juge d'instruction chargé du meurtre de Chokri Belaïd à procureur de la République lors du traitement du dossier par le tribunal de première instance pour finir comme l'un des accusés dans la même affaire. Il fait face à des accusations d'avoir dissimulé la vérité, de s'être soustrait à l'obligation d'arrêter un prévenu dans le but de l'aider et d'avoir dissimulé des éléments de preuves. Il a assuré que le dossier des assassinats avait été manipulé par Béchir Akremi. Ce dernier est, aussi, accusé de faux et usage de faux. Il aurait, également, induit la justice en erreur en élaborant de faux rapports basés sur des documents inexistants. L'avocate Imen Gzara a, de son côté, révélé que le président du mouvement Ennahdha fait officiellement face à une accusation pour crimes portant atteinte à la sécurité de l'Etat. Elle a évoqué l'impact de l'inclusion de Rached Ghannouchi dans la liste des accusés. L'aspect politique de l'affaire et l'inclusion d'une personnalité publique a conduit, selon elle, à une stagnation des procédures s'étant transformée par la suite en blocage. Elle a expliqué que les efforts du comité de défense et leur engagement ont permis de prononcer une interdiction de voyager à l'encontre de Rached Ghannouchi et 17 autres individus. « Aujourd'hui le lieu de résidence de Mustapha Khedher nous est inconnu. Nous ne savons pas s'il se trouve en Tunisie ou à l'étranger… Ceux ayant exploité la justice dans le passé ont permis de dissimuler le lieu de résidence de Mustapha Khedher… Ridha Barouni est, également, introuvable et on ne peut pas l'auditionner. Kamel El Aifi… poursuivi dans trois enquêtes… ne retournera pas en Tunisie… On n'a toujours pas entendu les accusés dans le cadre de ces affaires… On essaie de se dérober de crimes sous-prétexte d'exploitation politique de l'affaire », a-t-elle déclaré.