Le retard d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) aura un coût élevé pour la Tunisie et idem pour l'idée que de ne compter que sur soi-même. C'est ce qu'a expliqué, lundi 10 avril 2023, le docteur en sciences économiques, enseignant-chercheur à l'Université de Carthage et expert consultant, Aram Belhadj. Dans une déclaration téléphonique au micro de Malek Khaldi dans l'émission La Matinale sur Shems FM, l'universitaire a rappelé qu'on s'attendait, en se référant aux sources officielles, qu'un accord avec le FMI allait être signé avant la fin du premier trimestre 2022. Or, on a dépassé le premier trimestre 2023 et il n'y a pas encore d'accord. Interrogé par l'animateur s'il est possible de conclure cet accord avant la fin du deuxième trimestre 2023, l'expert a estimé qu'on peut espérer cela, mais qu'il y a beaucoup de données, qui mettent en doute cette possibilité.
S'agissant des répercussions de ce retard, l'expert a évoqué une baisse des avoirs en devises de trente jours, une hausse des impôts, une pression sur les liquidités bancaires pour le financement du budget de l'Etat, … . « Les répercussions économiques, financières, politiques et diplomatiques sont importantes. Le retard de cet accord, dans la situation actuelle des finances publiques, n'est pas bon pour la Tunisie. Nous évoluons dans une impasse, qui nous rappelle le scénario des années 80 », a-t-il soutenu. Et d'évoquer un problème de financement interne, qui a touché les équilibres de certaines de banques d'où la baisse de leurs notations outre, de grosses difficultés pour mobiliser des financements extérieurs. Donc, le financement du budget de l'Etat devient difficile dans ces conditions. « "Compter sur soi", ce sont de belles paroles. Certes, il faut compter sur soi, mais pour cela il faut que le tourisme reprenne à plein régime, que la production de phosphate reprenne, que la productivité du Tunisien augmente. Et surtout, pour compter sur soi, il faut du temps (deux à trois ans) et des réformes douloureuses », a affirmé Aram Belhadj.
Le 6 avril 2023, le chef de l'Etat avait affirmé qu'il s'opposait aux instructions émanant de l'étranger et portant atteinte à la Tunisie. Il a estimé que les Tunisiens avaient pour seule alternative leurs propres moyens. Il a, donc, expliqué qu'il s'opposait à l'accord avec le FMI puisque cette institution estime qu'un accord avec le gouvernement de Najla Bouden ne peut pas avoir lieu sans procéder à une levée des compensations.