Le docteur en sciences économiques, enseignant-chercheur à l'Université de Carthage et expert consultant, Aram Belhadj, a publié, le 7 avril 2023, son analyse de la récente annonce du président de la République, qui a exprimé son refus de soumettre le pays aux exigences du Fonds monétaire international (FMI). Il a souligné que si les cartes du gouvernement ont été rabattues c'est pour trois principales raisons, d'abord parce que l'accord avec le FMI ne sera pas finalisé de sitôt et qu'il n'y a pas d'alternative dans les circonstances actuelles et le gouvernement le sait. « Une alternative pourrait exister à moyen terme, et le gouvernement le sait très bien. De quelle alternative parle-t-on en sachant que les besoins du pays sont estimés à environ 25 milliards de dinars pour financer le budget de l'Etat ? Même les ressources issues du tourisme, des Tunisiens résidant à l'étranger, de l'huile d'olive etc. ne permettent pas de couvrir l'énorme écart entre les besoins du pays en devises et les dépenses énormes qui sont programmées », a-t-il précisé. « Même l'accord technique conclu en octobre dernier sera inévitablement entièrement revu, d'autant plus que les hypothèses et les bilans ont changé. Plus que cela, le FMI est susceptible de demander un nouveau programme et d'imposer le passage par le Club de Paris, si le gouvernement décide de continuer à traiter avec le Fonds », a ajouté l'expert. Il a enfin noté que tous les efforts consentis par le gouvernement dans le cadre du programme de réformes ne sont plus d'actualité. « Ni la réforme du système de compensation, ni le dossier des établissements publics, ni une révision de la fiscalité figurant dans le document de réforme du gouvernement ne seront mis en œuvre, même partiellement, au vu de l'énorme différence de visions avec le président de la République », a conclu Aram Belhadj.