Le ministère des Affaires étrangères a haussé le ton, samedi 25 février 2023, à la suite de la déclaration de l'Union africaine (UA) qui a appelé la Tunisie à s'abstenir de tout discours haineux à caractère raciste. Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, avait, en effet, condamné fermement « les déclarations choquantes faites par les autorités tunisiennes contre des compatriotes africains ». Le représentant permanent de la Tunisie accrédité auprès de l'Union africaine avait été reçu par des dirigeants de l'UA afin d'exprimer les vives préoccupations de l'organisation « quant à la forme et le fond de la déclaration ciblant des compatriotes africains, nonobstant leur statut légal dans le pays ».
Le ministère des Affaires étrangères a fait part de son étonnement, rejetant les déclarations et accusations « sans fondement » de l'UA « d'autant plus qu'elles se basent sur une incompréhension de la position des autorités tunisiennes ». Le département a dit regretter « la confusion injustifiée et incompréhensible dans cette déclaration entre les immigrés africains légaux qui vivent en paix sous la protection des lois de l'Etat tunisien, et des groupes d'illégaux exploités par les réseaux de trafic d'êtres humains ». Le ministère a ainsi appelé l'Union africaine à ne pas de laisser entraîner dans « les enchères et les accusations portées par des parties motivées par divers desseins qui ne sont pas dans l'intérêt des peuples africains ».
Une grande polémique a éclaté après les déclarations proférées par le président de la République, Kaïs Saïed qui a évoqué « un plan criminel préparé depuis le début de ce siècle pour métamorphoser la composition démographique de la Tunisie », ajoutant que « certaines parties ont reçu de grandes sommes d'argent après 2011, pour l'établissement des immigrants irréguliers subsahariens en Tunisie. L'objectif non annoncé des vagues successives de la migration clandestine étant de considérer la Tunisie comme un Etat africain n'ayant aucune appartenance arabe et islamique ». Des déclarations présidentielles qui ont attisé les campagnes racistes visant les Subsahariens. En réaction, la société civile tunisienne s'est mobilisée. Un Front antifasciste a été fondé et une manifestation est prévue samedi 25 février 2023 sous le slogan : « A bas le fascisme, la Tunisie est une terre africaine ».