Le professeur de droit, Sghaier Zakraoui, a avancé, lundi 9 janvier 2023, que les entreprises communautaires étaient un vrai danger pour l'Etat estimant que le contribuable est en train de financer le projet du président de la République Kaïs Saïed à travers ces structures. Invité de Malek Khaldi dans la Matinale de Shems FM, il a signalé que les entreprises communautaires conduiraient à une guerre civile en Tunisie précisant que la menace consiste, entre autres, en la cession de terres domaniales à des particuliers.
« Il (Kaïs Saïed,ndlr) nous a mis devant le fait accompli. Il aurait pu mettre en application la loi sur l'économie sociale et solidaire. Nous n'avons pas voté pour le projet de Kaïs Saïed. Nous sommes en train de financer son processus à travers les entreprises communautaires », a-t-il déclaré rappelant qu'une ligne de crédit avait été créée pour financer ces structures alors que le budget alloué aux universités avait été revu à la baisse.
Notant que tout ce qu'avait fait Kaïs Saïed après le 25-Juillet était une dérive qui nous a poussés dans son propre projet, le professeur de droit a qualifié les idées du président de la République et ses explicateurs d' « enfantillages ». Soulignant que le président de la République était l'incarnation d'un projet qui existe depuis 2011, il a ajouté qu'il ne faisait plus l'unanimité auprès de ses sympathisants d'où le faible taux de participation aux élections. « Certains de ceux qui n'adhèrent plus au projet de Kaïs Saïed m'ont confié qu'ils avaient donné l'ordre de boycotter les élections », a-t-il expliqué.
Citant le mouvement Echaâb, l'un des soutiens de Kaïs Saïed, M. Zakraoui a indiqué que certains dirigeants du parti, dont Haykel Mekki, lui avaient confié qu'ils étaient contre les législatives anticipées du 17 décembre 2022.
Le professeur a signalé, par ailleurs, que le président de la République était responsable en partie de l'aggravation de la crise notant que celui-ci avait largement contribué à la dégradation de la situation au lieu de stopper l'hémorragie. « L'Etat s'est effondré (…) Même le FMI ne veut plus de nous », a-t-il indiqué soutenant que Kaïs Saïed était dans le déni total. « La solution est dans un dialogue sans Kaïs Saïed », a-t-il affirmé.
Il a réitéré que les opposants actuels de Kaïs Saïed ne faisaient que le renforcer davantage. « Ils doivent se mettre en retrait. Ils n'ont ni acceptabilité ni légitimité », a-t-il fait savoir en référence aux composantes du Front de salut national.
Sghaier Zakraoui a avancé, dans ce même contexte, que ceux qui considèrent que le gouvernement de Najla Bouden est responsable de la crise actuelle voudraient en faire un bouc émissaire estimant que le seul responsable est le président de la République et que le gouvernement n'est autre que l'organe d'exécution des politiques de Kaïs Saïed.
Il a relevé, également, l'absurdité de la multiplication des initiatives de sortie de crise, notant qu'un plan transitoire devrait être mis en place avec comme premier objectif : mettre un terme au projet de Kaïs Saïed.