Le professeur de droit, Sghaier Zakraoui a affirmé que la loi de finances 2023 (LF 2023) était une loi purement fiscale qui a occulté les questions d'ordre économique et social. Il a considéré que cette approche avait été adoptée depuis 2017 et que les lois de finances précédentes se contentaient de créer de nouvelles taxes. Il a, aussi, expliqué que la LF 2023 n'apportait pas de mécanismes de développement économique. M. Zakraoui a souligné l'importance d'élargir l'initiative lancée par l'UGTT. Il a considéré que le dialogue pouvait avoir lieu sous la tutelle de l'UGTT (Union générale tunisienne du travail) et en garantissant la participation d'un plus grand nombre de partis politiques et de composantes de la société civile. Il a assuré que plusieurs partis étaient prêts à dialoguer et a évoqué la coalition formée par le Parti des travailleurs, Al Qotb, Attayar, Ettakatol et Al Joumhouri et la Coalition Soumoud. Il a appelé le Front de salut national à se mettre en retrait. L'essentiel sera, d'après lui, de parvenir à un accord et non à une entente. Invité de la radio Express Fm le 6 janvier 2023 à l'émission « Expresso » de Wassim Belarbi, Sghaier Zakraoui a considéré que la LF 2023 était dépourvue de vision économique en raison de l'absence d'un parti politique à la tête du pays. Selon lui, la LF 2023 a pour unique but la mobilisation de ressources financières au profit du budget de l'Etat et ne répond pas aux défis auxquels la Tunisie faisait face. Il a considéré que l'absence de certaines rubriques dans le budget détaillé de l'Etat pourrait être la cause d'une omission. Il a expliqué que la Tunisie traversait depuis une certaine période une phase d'incertitude. Il a précisé que le président de la République, Kaïs Saïed, n'avait pas omis de mettre en place une ligne de financement dédiée aux entreprises communautaires. Sghaier Zakraoui a rappelé que ni le parlement ni le Conseil national des régions et des districts n'ont été formés. Il a estimé que la LF 2023 a été élaborée de façon unilatérale par l'administration tunisienne. Il a affirmé que le processus entamé par le chef de l'Etat avait mené le pays vers une crise majeure et que ceci pourrait conduire au gel du processus entamé depuis le 25 juillet 2021. Il a qualifié le résultat du premier tour des législatives du 17 décembre 2022 de séisme. Le gel des élections doit être accompagné par un dialogue, souligne-t-il. Il a dit espérer voir le président assumer ses torts, s'excuser auprès du peuple et procéder à la création d'un gouvernement de transition et d'urgence économique. Il a insisté sur l'importance de la participation de Kaïs Saïed à un dialogue national et a mis en garde contre les conséquences néfastes de son exclusion. Sghaier Zakraoui a insisté sur la gravité de la situation économique du pays. Il a estimé que l'absence d'un dialogue causera la désintégration totale des institutions de l'Etat. La Tunisie, selon lui, devra s'adresser au Club de Paris afin de trouver une issue à cette crise. Il a appelé le chef de l'Etat au dialogue et à déléguer une partie de ses prérogatives à un gouvernement restreint de sauvetage économique. Il a mis en garde contre une révolte populaire sociale et a indiqué que le chef de l'Etat devait annuler la tenue du second tour des législatives. Kaïs Saïed pourrait, selon lui, participer à l'initiative lancée par l'UGTT tout en veillant à la participation de tous et toutes. Il a estimé que l'ONU pourrait, en cas de crise majeure et de révolte sociale, nommer un envoyé spécial chargé de veiller à la tenue d'un dialogue national. Il a considéré que le président de la République devait assumer son échec. Sghaier Zakraoui a affirmé que le projet politique de Kaïs Saïed était un véritable labyrinthe. Il s'est interrogé sur la date de création du Conseil national des régions et des districts. Il a appelé à distinguer l'Etat du pouvoir. Il a considéré que tout le monde faisait partie de l'Etat et que les appels au dialogue ne le menaçaient pas. « L'Etat n'est pas Kaïs Saïed… Nous faisons partie de cet Etat… Nous appelons au dialogue… Nous n'appelons pas à la désobéissance… Le président de la République ne peut pas continuer à mobiliser les pouvoirs… Nous pouvons décider de retourner vers l'application de la Constitution de 2014 », s'est-il exclamé.