La fusion de la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) et l'Office national d'assainissement (ONAS) est de nouveau à l'ordre du jour. Un récent rapport de la Banque mondiale, intitulé, «Réflexion stratégique sur l'eau potable et l'assainissement en Tunisie» revient longuement sur cette question et en évoque les avantages et inconvénients. Pour mémoire, ce scénario a été envisagé lors de la création de l'ONAS en 1974 puis écarté à cause de la dimension supposée disproportionnée par rapport à l'échelle du pays et le retard relatif du secteur de l'assainissement. La SONEDE craignait à l'époque que la charge de l'assainissement ne porte préjudice au développement de l'eau potable. Pourtant, aujourd'hui, le rapport de la Banque mondiale y voit moult avantages : gestion intégrée, utilisation commune des moyens, harmonisation des actions et des tâches, réduction des coûts, intégration de l'eau et de l'assainissement dans les programmes d'investissement, synergie de deux activités génératrices de gains substantiels, économie dans les représentations régionales et locales, mobilisation de ressources financières plus importantes, mobilisation de subventions croisées inter-secteurs. Les inconvénients n'en manquent pas, non plus. Le rapport en cite quelques uns. La société qui naîtra de cette fusion aura, à court terme, une taille très importante (12.000 employés) et moins importante à moyen et long termes (départ des retraités). Viennent ensuite les risques de problèmes entre les personnels d'une même entreprise qui hérite de deux cultures entrepreneuriales différentes. Reste le scénario du maintien des deux entreprises. Pour le rapport, la variante du statuquo mérite d'être accompagnée par une décentralisation plus poussée, une gestion plus efficiente et une association du secteur privé. La première recommandation consiste donc à décentraliser toute activité ayant un caractère régional ou local et qui a un lien avec l'abonné, les autorités locales et régionales, et surtout, les activités liées à l'exploitation des ouvrages. Concrètement, ces activités concernent en particulier l'entretien, la maintenance, le renouvellement et l'extension ordinaire. Cette décentralisation est dictée par des raisons économiques : l'augmentation du coût de l'énergie, la rareté de la ressource en eau, l'augmentation du taux de renouvellement des infrastructures. S'agissant de l'efficience de la gestion, le rapport relève l'enjeu d'optimiser l'utilisation de l'outil informatique qui a pour vertu de permettre d'élaborer des systèmes de gestion bien maîtrisés et performants. Il s'agit également de bien définir les champs d'intervention à l'échelle régionale et de mettre, a posteriori, un système de suivi et de coordination ayant pour objectif de gagner sur les délais et des coûts de revient. Le rapport recommande enfin une association du privé à l'investissement dans le secteur eau-assainissement. La Banque mondiale, farouche partisane de ce secteur, en a inventé des avantages et uniquement des avantages : apport en capitaux, prise en charge de certains risques (notamment le risque commercial ), relève, facturation du tarif de l'eau potable, recouvrement de la redevance assainissement. Cette institution de Brettons Wood, qui a échoué lamentablement dans la gestion de ce type de réformes en Amérique latine, ne souffle pas un mot sur une éventuelle incapacité du privé à gérer cette activité très sensible. Quant aux niches, voire les ouvrages hydrauliques qui peuvent intéresser les privés, le rapport retient : les ouvrages de production et de traitement d'eau y compris les stations de dessalement d'eau, le réseau d'adduction et ouvrages de transport, les stations de pompage, les réseaux de distribution et ouvrages de distribution (réservoirs et autres ). Au chapitre assainissement, les créneaux privatisables sont : les réseaux de collecte et de transfert des eaux usées et pluviales, les stations de pompage, les stations d'épuration, les branchements d'assainissement