Un mot d'abord sur l'attitude de la présidence de la République, juste pour appeler un chat un chat. Car la réaction de ces gens est vraiment au défi de tous les principes possibles et imaginables, là où leur tiédeur nous porte à une interrogation brûlante: comprennent-ils vraiment les hauts devoirs d'une présidence républicaine? Et même: comprennent-ils seulement la symbolique du drapeau national? On nous a dit que le président était indigné... C'est tout? Nous nous étions attendus à ce qu'il monte au créneau et prenne une décision qui ne souffre pas la moindre ambiguïté contre le salafiste et ses acolytes qui ont ainsi méprisé le symbole de l'unité nationale. Les salafistes, qui sont déjà allés trop loin, comme s'ils étaient en pays conquis, viennent ainsi de recevoir un chèque en blanc leur signifiant clairement qu'ils sont devenus une force que tout le monde craint et que même le chef de l'Etat ne peut que les regarder faire en s'offrant le seul luxe de s'indigner! Faut-il aller jusqu'à dire que cette attitude inexplicablement tiède de la présidence de la République est une insulte pure et simple à l'égard de l'institution militaire, dont le sens et l'existence sont de défendre le drapeau national par tous les moyens? Nous ne saurions répondre à cette question, mais nous en posons une autre: à quoi doivent normalement s'attendre les militaires de la part de leur Commandant en Chef (qui est le président de la République)? Nous ne savons pas ce que l'institution militaire pense des salafistes, même si nous concevons sans peine que les militaires doivent être sens dessus-dessous après ce qui s'est passé avec ce salafiste qui a eu l'inconséquence de s'en prendre au drapeau. Derrière leur chef d'Etat-major, le général Rachid Ammar, les militaires nous ont fait comprendre à maintes fois qu'ils n'avaient absolument pas vocation à peser sur la politique nationale; y compris sur le dossier de plus en plus volumineux des salafistes. C'est clair. Mais le geste irrespectueux du salafiste fait-il partie du ressac politique normal ou bien est-il une atteinte directe à la souveraineté nationale? C'est à nous tous de répondre à cette question, à commencer par la présidence de la République!