Conservation et numérisation des archives audiovisuelles: voici ce qui doit être fait pour les sauver. L'opération ne concerne pas, dans l'état actuel des choses, le seul audiovisuel public. L'importance du volume des archives audiovisuelles et des enjeux liés à leur conservation et numérisation pose la question de la création d'une institution spécialisée. Les archives audiovisuelles sont confrontées à un double problème: leur conservation et leur numérisation. Conservation, d'abord, parce que les archives audiovisuelles sont fragiles. La chaleur, l'humidité, la poussière ou encore les traces laissées par les doigts sur les enregistrements aussi bien sonores que visuels peuvent les dégrader. D'où l'intérêt notamment de les conserver dans des espaces qui respectent un certain protocole, notamment au niveau de la température ambiante. Mais aussi d'intervenir souvent pour restaurer leur contenu en les améliorant afin de favoriser leur diffusion selon les normes dites «broascast», propres à la production audiovisuelle: suppression des rayures d'un enregistrement, des parasites sonores, reconstitution d'images ou de sons manquants Le syndrome de vinaigre Force est, à ce propos, de constater que nous n'en sommes pas encore là aussi bien pour l'ETT que pour l'ERT. Le souci premier est déjà de conserver ces archives dans un bon état. Or, si les archives sont aujourd'hui mieux conservées, notamment à l'ETT, qui dispose d'un local flambant neuf, la tâche n'est pas des plus faciles. Chaque année des enregistrements sont perdus à jamais. Et sentent un peu plus cette odeur nauséabonde due à ce syndrome de vinaigre, défini par les spécialistes comme «le processus irréversible de rétrécissement, de friabilité et de déformation de l'émulsion de gélatine des films faits d'acétate de cellulose». Celui-ci remplit les locaux dans lesquels sont conservés les enregistrements. Cette odeur est sentie dès le couloir. Elle donne la preuve de la détérioration de la qualité des documents. Conservation des documents sonores et visuels, mais aussi leur numérisation. Soit l'opération qui va consister à assurer le transfert des contenus sur des supports numériques, synonyme d'une meilleure qualité sonore et visuelle outre une adaptation au dernier cri en matière de production et diffusion audiovisuelles. Un budget a été alloué Or, ce transfert n'est pas facile vu d'abord la variété des formats sur lesquels figurent les enregistrements: films, bandes magnétiques, bandes vidéo 2 pouces, 1 pouce C, cassettes vidéo ¾ pouce... Des formats qu'il n'est pas toujours facile de lire et donc de transférer eu égard au mauvais état des machines assurant cette lecture pour manque de pièces détachées lorsque ces machines n'existent plus. A cet état de fait, il faut ajouter la rareté du personnel pouvant assurer ces transferts. Une partie de ce personnel n'a pas été remplacé à leur départ à la retraite. Reste que la conservation des archives audiovisuelles ne peut être dans l'état actuel des choses l'affaire des seuls ETT et ERT. L'importance du volume des archives audiovisuelles, qui concernent celles aussi du cinéma et des chaînes privées (Hannibal Tv et Nessma Tv, en attendant l'arrivée des autres chaînes) et des enjeux liés à la question de leur conservation et leur numérisation, pose la question de la création d'une institution spécialisée. Le projet est, depuis au moins une décennie, à l'étude. Un budget a été même alloué dans des plans de développement et un terrain même prévu pour la construction du bâtiment devant abriter cette institution. Il a été également suggéré d'élargir les compétences du CDN (Centre de Documentation Nationale), chargé de conserver les journaux, pour qu'il couvre les documents radio et télé. Mais, rien n'a été jusqu'ici entrepris dans un sens comme dans l'autre.