Pluies fortes à Menzel Tmim: Drainage de l'eau dans les maisons [Déclaration]    Tunisie Telecom et Al Madaneya: Un engagement réussi et renouvelé pour l'éducation    Météo: Des pluies éparses attendues dans ces gouvernorats    Jean-Luc Mélenchon convoqué par la police pour «injure»    L'ONU adopte le "Pacte pour l'avenir" malgré l'opposition de la Russie, Détails du Pacte …    Etats-Unis – shutdown : Un accord de dernière minute pour éviter la paralysie de l'Etat    Iran : 51 morts et plusieurs disparus dans l'explosion d'une mine de charbon    Société Générale poursuit son désengagement en Afrique avec la vente d'une autre filiale    Coupe de la CAF : USMA 2-0 ST, les stadistes ne joueront pas la phase de groupes !    Manouba : La campagne électorale de Kaïs Saïed mise sur la proximité avec les citoyens    Croissance spectaculaire du revenu des Chinois en 75 ans    Y a-t-il une perspective haussière à long terme pour le cuivre?    L'Isie accuse des médias privés et des associations d'avoir reçu des financements étrangers    Dernière minute – Intempéries: Fortes pluies au gouvernorat de Nabeul (Vidéo)    Des députés à la rescousse    Maroc – Réforme de la justice : 5.000 avocats manifestent contre des réformes controversées    L'UGTT dit non à la proposition d'amendement de la loi électorale    Mise à l'écart du tribunal administratif : des députés se soulèvent contre la proposition d'amendement    Semaine boursière : le Tunindex stable dans un volume de 16 MD    17ème édition du Festival du film de femmes de Salé au Maroc : Le film tunisien « Rien sur ma mère » en compétition    Esquisse: La foi ardente de Saïda Ajoula    C3 —2e tour préliminaire retour—Stade Miloud Hadhefi d'Oran (18h00): USMA-ST: 90 minutes pour vivre    Site archéologique de Bulla Regia: Le savoir-faire des bâtisseurs romains    Pourquoi: Le photovoltaïque…    Rentrée scolaire: Un semblant de retour vers l'école publique !    JSO: Un déplacement court, mais difficile    Ligue1 – 2e journée – match de rattrapage – CA-JSO (Radès – 16h30): Lancer sa saison    La Kasbah – Conseil ministériel restreint: Accélérer la réalisation des grands projets publics à caractère stratégique    Cap sur les énergies propres    Commerce maritime: Pour que nos ports ne naviguent plus à vue    Grand reportage – Chine: Le sourire d'une petite fille, dans le village de Yueyahu    Mes Humeurs: Lectures d'automne 1    Le capitaine de l'équipe nationale dénonce le soutien du gouvernement marocain au génocide en Palestine    US Monastir contre l'Etoile du Sahel et l'Espérance face au Stade Tunisien en direct sur Al Kass    Les clubs tunisiens prêts à briller en Afrique : découvrez les chaînes et horaires    Basket Ball: Le chant de l'hymne national tunisien est obligatoire avant chaque premier match    Visas Schengen : La visioconférence et appel vidéo pour les Marocains    Communiqué du Ministère des Affaires étrangères : La Tunisie dénonce fermement le bombardement du Liban et exprime son soutien envers son peuple    Prévisions météo : plus de pluie et des températures en baisse dans les prochains jours    UNIMED : Des résultats semestriels solides avec un bénéfice en hausse de 13%    A quoi sert la partie bleue des gommes ?    Attaque contre des moyens de communication : Explosions simultanées d'un millier de bipeurs au Liban, des questions et peu de réponses    Assemblée générale des Nations Unies : La Tunisie vote en faveur de la résolution de la CIJ    Maroc : Plus de 150 personnes poursuivies pour incitation à l'immigration clandestine    « Golden Bachelor » sur M6 : l'amour n'a pas d'âge pour être ringard    Jaou Tunis 2024 : 7e édition sous le signe des Arts, résistances et reconstruction des futurs    Compétitions officielles des JCC 2024 : Prolongation des délais d'inscription des films candidats    Mare Nostrum Voice Festival : un événement unique avec 25 artistes et hommage à Yasser Jradi à Paris    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les révolutions arabes ne sont que ... des coups d'Etat militaires masqués
Publié dans Tuniscope le 07 - 06 - 2011

De retour d'une mission d'étude en Tunisie, en Egypte et en Libye, Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2R), ancien du renseignement livre une lecture nuancée des événements du début d'année. Sans nier les aspirations des populations, il relativise l'ampleur du changement des équipes dirigeantes. Un prélude à de grandes déceptions.
Quelle lecture faites-vous du Printemps Arabe ?

Il y a dans ces pays une réelle aspiration à plus de liberté, mais pas nécessairement à plus de démocratie. Par ailleurs, je ne crois pas à la spontanéité de ces « révolutions », qui étaient en préparation depuis plusieurs années. Dès 2007-2008, des conférences organisées sous l'égide d'ONG américaines, comme Freedom House, l'International Republican Institute ou Canvas, et où étaient présents la plupart des blogueurs et des leaders de ces mouvements, ont instillé le germe de la démocratie, créant un contexte favorable aux révolutions. Le processus était le même que celui qui a précédé le démantèlement de l'URSS, la Révolution serbe, la Révolution orange en Ukraine ou encore celle des Roses en Géorgie.

Mais pourquoi ont-elles éclaté en 2011 ?

Des contestations populaires ou étudiantes dans les pays arabes se produisent régulièrement, mais elles sont à chaque fois réprimées par l'armée et la police. Pour la première fois, l'armée s'est désolidarisée de la police, en refusant de réprimer les soulèvements en Tunisie comme en Egypte, et les mouvements ont été observés par la presse internationale. Mais surtout, dans la semaine précédant les événements, les plus hauts représentants des armées de Tunisie comme d'Egypte se sont rendus à Washington, qui assure l'essentiel du financement de l'armée, pour obtenir le feu vert des Etats-Unis à un renversement des dirigeants. Ils ne supportaient plus la prédation des clans au pouvoir.

Ces révoltes seraient donc des coups d'Etat militaires prenant le visage de mouvements démocratiques spontanés ? Les manifestants de la place Tahrir n'avaient pourtant pas l'air manipulés ?

En êtes-vous si sûre ? Il est tout de même étonnant que dans ce pays où existent un militantisme islamiste et un net sentiment anti-israélien, aucun slogan anti-israélien ne soit apparu pendant les manifestations. C'est bien l'indice d'une « révolution » sérieusement encadrée. Quant à la « nouvelle équipe » au Caire, elle comprend le chef d'état-major de l'armée ainsi que l'ancien chef du service des renseignements, et s'est immédiatement engagée à respecter les accords internationaux signés, notamment les accords de Camp David auxquels est hostile une large partie de la population.

Et en Tunisie ?

Le ras-le-bol face face à l'avidité du clan Trabelsi était profond et touchait l'ensemble de la population confrontée à des difficultés économiques croissantes jusqu'aux entrepreneurs, dont beaucoup devaient « céder » des parts entières de leur business pour ne pas être inquiétés. C'est pour cela que des manifestations se sont produites dans toutes les villes du pays. La révolte y a été plus populaire et plus profonde qu'en Egypte, où les événements se sont, pour l'essentiel, limités à la place Tahrir. Mais comme au Caire, le nouveau gouvernement de Tunis comprend en majorité des collaborateurs de l'ex-président Ben Ali. Dans les deux cas, tout s'est passé comme si les jeunes générations avaient décidé de « faire sauter le bouchon » qui empêchait leur accès au pouvoir, sans changer fondamentalement le système ou le régime. L'imminence d'un coup d'Etat militaire était évoquée depuis dix-huit mois en Tunisie. Aussi n'est-il pas approprié de parler de « révolution ». L'Iran, en 1979, et l'URSS, en 1991, ont connu de vraies révolutions. Tout y a changé : les hommes, les institutions, les rapports internes, les relations internationales, etc.

Rien de tel dans les événements récents. Il s'agit d'un renouvellement des classes dirigeantes qui ont, avec l'accord de Washington, organisé des coups d'Etat « en douceur », en profitant d'une vague de contestation populaire qu'elles ont intelligemment exploitée. Ainsi, leur arrivée aux affaires bénéficie extérieurement d'une grande légitimité et donne le sentiment d'une rupture profonde avec le régime précédent. La situation est en réalité bien différente. D'ailleurs, pour Washington, c'est un « changement dans la continuité » modifiant peu l'équilibre régional, ce qui est étonnant pour des révolutions. Washington encourage et appuie les armées d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient pour qu'elles évoluent vers un rôle « à la turque » : c'est-à-dire qu'elles n'occupent pas le pouvoir - sauf cas de force majeure - mais soient les garantes de la stabilité du pays contre l'islamisme, qu'elles contribuent à la stabilité régionale et qu'elles ne manifestent pas d'hostilité réelle à l'égard d'Israël.

Comment lisez-vous la situation actuelle ?

Beaucoup de problèmes risquent de surgir : dans les deux pays, un fossé inédit est apparu entre l'armée, qui sort grandie des événements, et la police, qui a longtemps assumé la répression des manifestants. Les forces de l'ordre - surtout en Tunisie - en sont sorties profondément désorganisées. On pourrait voir une recrudescence de la criminalité nuisant à l'équilibre intérieur. Enfin, très vite, une partie de la population va réaliser qu'elle a été flouée. D'où de possibles chocs en retour et une reprise des émeutes. Nous en voyons peut-être déjà quelques signes avant-coureurs à travers les manifestations populaires qui semblent reprendre ici et là. Enfin, les islamistes se sont pour l'instant montrés plutôt discrets. Mais jusqu'à quand ?

Source : La Tribune


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.