Une nouvelle étude réalisée par l'ITES révèle des chiffres alarmants concernant l'impact du secteur informel sur l'économie tunisienne. Selon cette étude approfondie, l'Etat tunisien perd chaque année un montant colossal de 5,45 milliards de DT en recettes fiscales, directement imputable à l'existence et à l'expansion du secteur informel. Ces pertes sont estimées en se basant sur la différence de recettes de TVA non perçues et sur des taxes qui représentent seulement la moitié de celles imposées aux secteurs formels. L'étude met en évidence une présence significative de l'informalité dans le secteur agricole, où elle représente plus de 89% de la valeur ajoutée marchande totale de ce secteur. Cette prédominance est également remarquée dans les activités industrielles, où le poids du secteur informel atteint 20,8%. Ce dernier est principalement influencé par un taux élevé d'informalité dans le secteur de la construction, qui dépasse légèrement les 57%. Dans le secteur des services marchands, l'informalité représente environ 40% de l'activité totale. Ces données alarmantes révèlent que sur les 3,566 millions de personnes employées au quatrième trimestre de l'année 2019, près de 1,599 million de Tunisiens travaillent dans le secteur informel, soit une proportion inquiétante de 44,8% de la population active employée. Il est important de souligner que ce pourcentage reflète l'ampleur de l'emploi généré par le secteur informel, alors même qu'il ne contribue qu'à hauteur de 27,4% au produit intérieur brut (PIB) du pays. Les résultats de l'étude révèlent également les conditions précaires dans lesquelles les travailleurs du secteur informel exercent leur activité. Ces travailleurs, âgés de 15 ans et plus, ne bénéficient d'aucune couverture sociale ni de congés annuels ou de congés de maladie payés. Il s'agit souvent de salariés sans protection sociale ou de travailleurs indépendants qui luttent pour subvenir à leurs besoins. Face à cette réalité alarmante, il est impératif de prendre des mesures efficaces pour réduire l'informalité et récupérer les recettes fiscales perdues. L'évasion fiscale endémique dans le secteur informel exerce un impact considérable sur l'économie tunisienne dans son ensemble. Certains économistes vont même jusqu'à qualifier le marché parallèle de "deuxième économie", soulignant ainsi son influence majeure sur les indicateurs économiques du pays.