La scène politique tunisienne qui célèbre le 13 août la fête de la femme est profondément partagée et choquée par les contenus annoncés du projet de l'article 28 de la constitution qui font référence à "une complémentarité" entre la femme et l'homme. Plusieurs ONG et partis politiques appartenant à la mouvance progressiste ont qualifié le projet de l'article 28 de la constitution comme une régression par rapport aux attentes de la femme tunisienne qui aspire à une égalité totale et sans équivoque. Il s'agit aussi selon les composantes de la société civile d'une remise en cause d'un projet de société qui s'est construit volontairement et de manière progressive par les Tunisiens depuis l'indépendance. L'article 28 qui énonce "une complémentarité entre l'homme et la femme" avait été qualifié par certains constituants "comme une maladresse de rédaction" d'autant plus qu'il se présente en porte-à-faux avec l'article 22 du même projet de constitution énoncant clairement "l'égalité" entre l'homme et la femme.
Une mobilisation générale des associations féminines s'est organisée pour demander l'affirmation "sans équivoques" de l'égalité entre l'homme et la femme.
Cette revendication de la société civile date bien avant la révolution du 14 janvier puisque l'article 6 de la Constitution de 1959 fait aussi défaut à ce propos dans la mesure où il s'est limité à énoncer l'égalité des droits et devoirs entre "tous les citoyens" sans référence aux spécificités du genre ce qui laissent libre cours à l'interprétation.
Ce projet "est une atteinte aux acquis de la femme et vient consacrer une approche paternaliste qui donne à l'homme un pouvoir absolu tout en reniant à la femme son droit de citoyenne à part entière", précise le collectif. Le collectif des associations dénonce aussi le fait que dans le texte proposé on ne reconnaît pas la femme comme étant "un être indépendant" et "une citoyenne ayant des droits humains et des libertés tout autant que l'homme".
La femme est plutôt définit dans ce texte par rapport à l'homme qu'il soit le père, le mari ou le frère, précise ces associations.