Le 18 octobre 2024, un groupe de députés tunisiens a présenté un projet de loi modifiant plusieurs articles de la loi organique de la Banque centrale de Tunisie. Cette initiative suscite de vives réactions, notamment de la part de l'économiste Ridha Chkoundali, qui a partagé une analyse détaillée de ces changements sur sa page Facebook. Selon lui, certaines des réformes proposées pourraient altérer l'indépendance de l'institution et affecter la stabilité économique du pays. Les modifications proposées Le projet de loi touche à 11 articles, dont les articles 7, 9, 10, 18, 23, 25, 31, 32, 33, 43 et 46. Trois nouveaux articles ont également été ajoutés, à savoir les articles 100, 101 et 103. Parmi ces changements, certains sont jugés plus préoccupants que d'autres : * Article 7 : Un ajout demande à la Banque centrale de prendre en compte les "besoins du budget général de l'Etat", liant ainsi directement la politique monétaire aux priorités budgétaires de l'Etat, ce qui pourrait réduire la marge d'autonomie de la Banque. * Article 10 : Cet article impose l'utilisation des obligations d'Etat comme principal outil pour fournir des liquidités aux banques, limitant ainsi les options de la Banque centrale pour stabiliser les marchés financiers. * Article 25 : Ce point est considéré comme le plus risqué par Chkoundali. Il autorise l'Etat à utiliser les réserves en devises de la Banque centrale pour rembourser ses dettes, tant que ces réserves dépassent 90 jours d'importations. Ce mécanisme pourrait mettre en diificulté les capacités du pays à importer des produits essentiels, ce qui pourrait entraîner une pénurie de biens de première nécessité. Les risques pour l'indépendance de la Banque centrale Ridha Chkoundali, dans sa publication sur Facebook, met en garde contre les risques de cette réforme. Selon lui, l'article 25, en particulier, pourrait permettre à l'Etat de puiser dans les réserves de devises pour financer des dépenses courantes, augmentant ainsi la vulnérabilité économique du pays. Il rappelle également que la Tunisie a déjà enregistré une contraction économique en 2023, avec une récession de 0,4 %, suivie d'une nouvelle baisse de 0,6 % en 2024. Ainsi, alors que ce projet de loi vise à répondre aux besoins budgétaires immédiats, il soulève des préoccupations majeures quant à l'autonomie de la Banque centrale, élément important pour la stabilité monétaire et financière du pays. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!