Lassaâd Yaâkoubi, secrétaire général du syndicat de base de l'enseignement secondaire, se voyant investi d'une mission syndicale divine et d'un destin national imparable, ne lâche pas le morceau, quitte à mettre toute la Tunisie à dos ou à feu et à sang. Tant pis pour les effets adverses sur les cours, les examens, les élèves et leurs parents, il s'en fiche comme de son premier crayon de couleur, il continue sa bataille, en solitaire, dont l'agenda est autant obscur que personnel, prenant en otage le corps enseignant et le système éducatif. Il multiplie les avis de grève et les appels à la désobéissance syndicale.En effet, il agit même à contre-pied de sa centrale dont le bureau exécutif a fait savoir, dans un communiqué, qu'il rejette la décision prise par ledit syndicat de base, devenu propriété privé et chasse gardée de Lassaâd Yaâkoubi, de faire grève le 27 Mars 2017. En réaction à la position de l'UGTT, Lassaâd Yaâkoubi a crié au scandale et l'a qualifiée de précédent très grave dans l'histoire de la centrale syndicale et dans les annales du mouvement social. Il maintient l'avis de grève, sans aucun égard à l'organisation mère. Il s'en fiche ! Après tout, il s'est permis de lyncher le ministre de tutelle et le gouvernement, peut-être que, dans son esprit tordu, l'UGTT ne fait plus le poids face à son nouveau rôle d'électron libre dans la sphère syndicale. Droit dans ses bottes, fidèle à une ligne de conduite taillée dans la provocation, l'arrogance et l'agressivité, il se démène à mettre tout le monde au défi, y compris l'UGTT, récusant les injonctions de sa propre structure de commandement et bottant en touche sa ligne politique. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Autant placer la barre plus haute ! Il mène la fronde, en cavalier seul, au mépris de toute discipline syndicale et de toute considération éducative, sans que la centrale syndicale et le gouvernement ne bronchent pour de bon pour prendre la situation en main, lui plomber sinon couper les ailes et redimensionner la taille et le poids qu'il a cru prendre. A se demander s'il n'est pas dans le déni et de l'impunité puis qu'il se sait protégé par des gros bras invisibles de toute velléité de représailles ou de sanctions ?! Depuis le temps qu'il pourrit l'enseignement secondaire et hypothèque l'année scolaire, et l'opinion publique tunisienne le regarde s'agiter et agiter la menace de la grève à tout bout de champ. Si l'UGTT n'est pas d'accord avec son poulain, pourquoi n'avoir pas gelé ses activités ou même en brandir la menace ? D'autant plus que ses statuts l'autorisent. Peut-être bien que l'UGTT le garde sous la main tel un épouvantail qu'il pourrait agiter au moment opportun. Sinon comment expliquer l'attitude indulgente de la centrale syndicale. Lassaâd Yaâkoubi n'a-t-il pas annoncé le maintien de la grève et la suspension des cours, n'en faisant qu'à sa tête, sans aucun égard à l'UGTT dont il détient la légitimité. Comment se taire devant un tel écart de conduite et de discipline ?! L'UGTT joue aussi sa crédibilité dans ce bras de fer, tout aussi personnel qu'inqualifiable, entre Lassaâd Yaâkoubi et Néji Jalloul. Elle doit agir, et bien sévir, pour limiter les dégâts et sauver les meubles, y compris les siens. L'éducation n'est-elle pas aussi un sujet de sécurité nationale et un pilier du projet de société et du modèle de développement ?! Que comprendre quand Lassaâd Yaâkoubi conteste la décision de sa centrale et veut jouer cavalier seul sur un terrain miné ?! Comment lire le communiqué de l'UGTT qui, bien qu'il refuse l'avis de grève, ne pipe pas un traitre mot sur le comportement choquant et violent de son compère ou un orphelin rappel à l'ordre à son encontre ?! L'UGTT est censée assumer l'égarement de ses brebis galeuses et de ses tigres en carton surtout que l'opinion publique tunisienne a marre de tous les chats de gouttières investissant et infestant, sans vergogne ni hauteur, l'espace public et le paysage médiatique.