Dans quelques jours, le Soudan vivra une échéance politique majeure dans son histoire actuelle, ou plutôt il sera censé la vivre. Reprenons le fil des événements d'il y a plus de deux décennies. A cette date-là, le pays rompait brutalement avec une certaine expérience pluraliste pour passer sous la coupe du monopartisme, avec ce que cela pouvait causer comme troubles de toute sorte. Il y a eu d'abord la naissance d'une opposition de contestation armée dans le nord du pays. La rébellion dans le sud faisait rage. Au Darfour, une insurrection allait se solder par une tragédie humanitaire sans précédent. C'étaient là trois événements qui mettaient en péril l'unité et l'intégrité du pays. On allait vers le dépeçage du territoire, dépeçage auquel de grandes puissances semblaient contribuer. Mais tout cela commençait, depuis peu, à se décanter pour laisser la place, à l'issue du calme (précaire certes) établi au Darfour et de l'accord signé avec le mouvement séparatiste du Sud, à l'instauration de conditions propices au déroulement d'élections multipartites, transparentes et démocratiques. Le tour était jouable d'autant que la campagne médiatique qui visait le président Omar Al-Bachir baissait de tonalité et que le président de la Cour pénale internationale se faisait moins audible dans ses imprécations. Cela augurait donc d'un apaisement général. Mais voilà que l'opposition du nord s'est brusquement réveillée pour accuser le gouvernement d'entreprendre la manipulation du scrutin. Les principaux partis ont fait savoir qu'ils ne participeraient pas aux élections présidentielle, législatives et provinciales pour protester contre ce que la rumeur répand comme d'éventuelles fraudes. Evidemment, la menace est de taille: cela peut signifier un regain de tension séparatiste dans le Sud, une reprise des troubles au Darfour, un chamboulement de tous les acquis. Il est donc de l'intérêt de toutes les parties de s'en tenir fermement à l'union sacrée, une union garante de la survie du pays.