Les élections au Soudan ont tout l'air d'être le prolongement du bras de fer qui oppose Khartoum à la Cour Pénale Internationale qui a condamné le président soudanais Omar Al Bachir de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. La CPI, frustrée de ne pouvoir arrêter Al Bachir, n'en finit pas de le diaboliser. Les élections soudanaises sont l'occasion pour son procureur, l'Argentin Luis Moreno-Ocamp de lancer des fléchettes empoisonnées en les comparant à une " élection sous Hitler ". Et ce sont ces mêmes élections qui permettent à Al Bachir d'ironiser sur le jugement de la CPI, en se demandant lors d'un meeting électoral à Oum Durman : " Où est le nettoyage ethnique, où est le génocide ? ". Entre Khartoum et la CPI, il est évident que le climat d'animosité se renforce et que la rupture est consommée, mais il n'est pas sûr qu'il s'agisse du même cas avec les grandes puissances occidentales et en particulier les Etats-Unis. Car quoi qu'on dise, l'organisation d'élections multipartites, les premières en près de 24 ans, est une victoire en elle-même. Et puis, elles comportent des enjeux majeurs dont la concrétisation est tributaire de la réélection d'Al Bachir. Ce dernier s'est engagé à mettre fin à la guerre au Darfour et à tenir un référendum en janvier 2011 sur le devenir du Sud-Soudan qui devrait déboucher sur " l'indépendance " de cette partie du pays immensément riche en pétrole. Un référendum auquel les Etats-Unis accordent la plus grande importance et tiennent à ce qu'il se déroule à la date prévue et dans de bonnes conditions. Et ce n'est pas par hasard que Washington fait montre de plus d'indulgence envers Khartoum. Outre qu'elle ne compte pas laisser le champ libre à un rival coriace, la Chine, déjà solidement implanté dans le plus grand pays d'Afrique.