La Tunisie, un pays situé au sud de la Méditerranée, ayant une superficie réduite , mais une notoriété remarquable .En 2011 la Tunisie a connu ce qu'on appelle par la langue de prospectivistes une « Surprise majeure (Wildcard)« ce nommée ensuite « la révolution tunisienne« qui aura des effets considérables et du changement constituant un apprentissage de nouvelles manières de faire, de nouvelles règles, un apprentissage par assimilation de nouvelles régulations. Le changement ne peut être que coproduit, fabriqué par tous les acteurs et ne peut avoir lieu que s'il y a construction de nouvelles relations : changer, c'est rendre possible le développement de nouveaux enjeux pour affermir ce changement. Le modèle de changement selon le chercheur américain d'origine allemande Kurt Lewin, s'appuie sur trois périodes qui marquent ce processus : d'abord, une période de décristallisation pendant laquelle le système remet en question ses perceptions, habitudes et comportements. Les acteurs se motivent. Ensuite, une période de transition, pendant laquelle les comportements et attitudes deviennent instables et contradictoires. Les acteurs en expérimentent puis en adoptent certains. Enfin, une période de recristallisation pendant laquelle le système généralise les comportements pilotes adaptés à la nouvelle situation et harmonise les nouvelles pratiques. Et puisque nous sommes aujourd'hui dans la deuxième phase, la période de transition, la question qu'on peut poser est la suivante : Une Transition... mais vers quoi ? Pour arriver a cette étape et répondre à cette question on va d'abord faire une analyse post révolutionnaire de la Tunisie selon l'approche SWOT (strengths : forces, weaknesses :faiblesses, opportunities :opportunités, threats : menaces ) FORCES L'emplacement géographique stratégique de la Tunisie lui donne un accès privilégié au marché européen Elle diapose d'une main d'œuvre qualifiée un nombre relativement important de diplômés et une bonne administration publique construite sur la tradition mise en place pendant l'ère du Président Bourguiba dans les années 60. Il ya de bonnes infrastructures routières dans tout le pays, à telle enseigne que presque tout le territoire national est bien connecté aux centres urbains, un bon nombre de ports et d'aéroports un bon raccordement à l'électricité, accès à l'eau potable, des télécommunications, une infrastructure ouverte sur les nouvelles technologies et des ressources naturelles diversifies. Enfin, après la révolution le pays a créé un processus de dialogue sur les affaires de l'Etat et les politiques publiques entre le gouvernement, les citoyens, la société civile et le secteur privé, une démarche participative a été créée et concrétisée par des législations et des institutions à coté bien sur de la liberté d'expression dans tous les domaines. FAIBLESSES Malgré cette ébauche de démocratie, il existe cependant quelques cas de faiblesses dont on peut citer les suivants : -Absence de leader, d'homme d'Etat. -Impasse économique et sociale causée par l'instabilité politique. -Absence d'une vision prospective globale « un rêve tunisien ». -Disparités régionales -Absence de stratégies sectorielles a long terme. -Marginalisation du cœur de la société » la catégorie des jeunes ». -Mauvaise gouvernance des ressources naturelles et des capacités humaines. – l'ourdeur administrative -Perte de confiance envers les gouvernements successifs, les partis politiques et les politiciens et c'est ce qui exprime le médiocre pourcentage de participation lors des dernières élections municipales.
OPPORTUNITES -Le monde suit attentivement les démocraties naissantes -Des changements technologiques, organisationnels et normatifs, suite aux nouveaux enjeux à l'échelle mondiale. – Concurrence internationale, nouvelles réglementations et, ouverture de nouveaux marchés extérieur pour les produits sud méditerranéens. – Des études internationales stratégiques faites sur le continent africain car elles représentent l'avenir de l'humanité, et encouragent l'implantation et l'investissement en Afrique. – Le soutien et l'accompagnement apporté par beaucoup de pays riches en faveur des pays en développement et en transition démocratique est en croissance continue et les coopérations se renforcent rapidement. MENACES -Impact de la globalisation sur les économies : environnement sans cesse en mutation et contexte concurrentiel sur fond de débat sur les incertitudes. – Une nouvelle carte géopolitique coloniale du monde, Dessinée par les grands acteurs et des conflits partout. – Dispersion et éparpillement de plus en plus du monde arabe. – Doute de l'expérience du PRINTEMPS ARABE de la part des partenaires étrangers. -L émergence des phénomènes dangereux comme le terrorisme et l'augmentation de l'immigration clandestine. – Disparité inéquitable dans la distribution des richesses dans le monde qui ne cesse de s élargir d'où une dépendance continue des pays pauvres ou en développement envers les pays riches, les fonds et les banques internationaux. En réponse à la question précédente : Une transition... mais vers quoi ? La trajectoire de la Tunisie doit être honorée par : Une Transition vers l'amélioration d'une chaine de valeur en se basant sur les points forts (les forces), en éliminant les faiblesses et en exploitant les opportunités et les utiliser pour contrer les menaces. Une Transition vers un Rêve tunisien Un Rêve implique une vision partagée, qui est une image partagée et décrite en termes précis pour un meilleur avenir. La vision est faite de finalités et d'objectifs optimaux qui peuvent indiquer la direction à long terme et qui doivent guider la stratégie collective des décideurs politiques, des parties prenantes et des citoyens. Et comme le confirmer le rapport de la Banque mondiale « La Révolution Inachevée de MAI 2014″ : La Tunisie a tout ce qu'il faut pour devenir le ‘Tigre de la Méditerranée'.
La transition vers L'Etat de droit qui est constituée d'un ensemble d'institutions, mécanismes, lois et pratiques mises en place pour prévenir l'exercice arbitraire et corrompu du pouvoir. Une Transition vers le développement durable Au sens le plus large, le développement durable vise à favoriser un état d'harmonie entre les êtres humains d'une part et entre l'homme et la nature, d'autre part. Il est en effet courant aujourd'hui de rappeler qu'une transition est en cours au niveau mondial, qu'il s'agit de l'accompagner, d'en prévenir les effets négatifs voire de l'orienter pour atteindre une société plus durable, une transition de la croissance vers l'équilibre global ou de la croissance économique vers le développement durable. Une Transition vers une Révolution de l'information, voire une Révolution cognitive. Dans un modèle de changement systémique, la transition est la période pendant laquelle un système déstructuré et en rupture de sens voit les transformations majeures se réaliser dans l'ensemble de ses sous-systèmes, jusqu'à provoquer la mutation de l'ensemble du système lui-même. Cette phase de transition est suivie d'une étape finale de recherche et de recouvrement d'un nouvel équilibre (que l'on peut appeler harmonie) au cours de laquelle la mutation peut devenir irréversible. JOUINI MOHAMED BECHIR Expert En Politiques Publiques Et Prospective