Réunis vendredi au siège du ministère des Affaires sociales, les représentants du gouvernement, de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du commerce et de l'Artisanat (UTICA) se sont mis d'accord sur le lancement d'un nouveau round de négociations sociales au titre des années 2016 et 2017 à partir du 25 mai prochain. Lors de cette réunion présidée par le ministre des Affaires sociales, Mahmoud Ben Romdhane, les partenaires sociaux ont également convenu de mener des négociations sectorielles qui devraient s'étaler sur deux mois. «Contrairement au précédent round de dialogue social, les négociations se dérouleront au niveau de plusieurs commissions sectorielles composées de représentants de la Chambre patronale et la Fédération syndicale dans chaque secteur d'activité », précise le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé du secteur privé, Belgacem Ayari. «Cette démarche qui était en vigueur depuis le démarrage du dialogue social triennal en Tunisie avant le recours exceptionnel à des négociations générales après la révolution, vise à prendre en compte les spécificités de chaque secteur d'activité économique », a-t-il ajouté. Le comité central des négociations devrait ainsi se réunir le 25 mai prochain pour adopter l'accord-cadre relatif au nouveau round du dialogue social, alors que les commissions sectorielles entameront leurs réunions le 2 juin 2016. M. Ayari a, d'autre part, appelé le patronat à signer dans les plus brefs délais les avenants de plusieurs conventions sectorielles relatifs aux augmentations salariales au titre de l'année 2015 afin de créer un climat de confiance permettant d'aborder sereinement le nouveau round de négociations sociales. Ces avenants concernent plusieurs secteurs qui connaissent des difficultés conjoncturelles ou structurelles tels que le tourisme, la restauration et la presse écrite, les jardins d'enfants, l'industrie pharmaceutique et la location de voitures. Dans ces secteurs, les patrons réclament des aides de l'Etat sous forme de subvention ou de contribution aux cotisations payables par les employeurs aux caisses de sécurité sociale. Il est à rappeler que l'accord relatif aux négociations sociales dans le secteur privé au titre de l'année 2015, qui a été conclu après environ quatre mois de négociations laborieuses ponctuées de frictions et de nombreuses ruptures entre la centrale syndicale et le patronat, prévoit une augmentation de 6% du salaire de base, une hausse de l'indemnité de transport de 10 dinars et une revalorisation de 3 dinars de la prime de présence. Ces majorations salariales à effet rétroactif devraient être versées par les entreprises privées à leurs salariés à compter du 1er septembre 2015. Selon les termes de l'accord, les entreprises en difficulté ont toutefois la possibilité de rééchelonner les sommes dues à leurs salariés au titre des augmentations salariales d'un commun accord entre la direction et le syndicat de base de chaque entreprise. L'accord relatif aux augmentations salariales au titre de l'année 2016 entrera exceptionnellement en vigueur en août 2016, alors que la date d'effet de celles relatives à l'année 2017 a été fixée au 1er mai. Selon les experts, le nouveau round de dialogue social s'annonce particulièrement difficile. On s'attend, en effet, à ce que l'UGTT s'attache, cette fois-ci, à des majorations salariales conséquentes de nature à limiter une baisse du pouvoir d'achat des salariés estimée à 40% sur les cinq dernières années par des économistes mandatés par l'organisation ouvrière. L'UTICA devrait, quant à elle, mettre en avant la forte dégradation de la situation économique, le ralentissement de l'inflation et la baisse de la productivité dans l'espoir de tempérer les ardeurs des syndicalistes qui adopteraient vraisemblablement une logique jusqu'au boutiste pour tenter de réaliser des «exploits» à quelques mois du congrès national de l'UGTT.