Le Secrétaire d'Etat américain, John Kerry, est annoncé parmi nous, pour fignoler avec les responsables tunisiens, la deuxième phase du dialogue stratégique entre la Tunisie et les Etats-Unis d'Amérique. Disons, tout de suite, que nos bonnes relations avec l'Amérique remontent à trois siècles, toujours exemplaires et d'alliance de fait. Rappelons aussi que les Etats-Unis ont toujours soutenu notre pays au moment de la lutte pour la libération nationale, puis à l'Indépendance. Le seul « nuage », de Hammam Chatt, avec le bombardement israélien visant le leader palestinien, Yasser Arafat et son staff à Tunis, a été rapidement circonscrit à l'époque et la colère de Bourguiba a été apaisée par le vote américain au Conseil de sécurité, défavorable, pour la première fois, (et en première mondiale), contre le bébé gâté de l'Amérique : Israël ! So Welcom Mr. Kerry in Tunisia ! Ceci dit, que d'eau a coulé depuis, du côté de Washington D.C et du côté de Carthage ! Les Etats-Unis, ça fait une génération, ont entamé un cycle stratégique à haut risque et contre productif qui consiste à combattre « l'Islamisme » extrémiste et la terreur des groupements d'El Qaïda, de Daëch et compagnies, par l'Islam politique « modéré » en misant sur l'adaptabilité de cette idéologie « frères musulmans » de par le monde, aux valeurs de la Démocratie classique occidentale, au pluralisme politique et même à l'alternance pacifique au pouvoir. Et c'est là que le bat blesse ! L'Islam politique, dit « modéré » au goût des stratèges de Washington, qui a accédé au pouvoir, d'abord, en Turquie et puis, dans les pays du « Printemps arabe », Tunisie, Egypte, Libye, ne fait que confirmer la tentation hégémonique et totalitaire d'une idéologie qui ne peut pas souffrir d'être minoritaire et qui se veut en perpétuelle expansion. Les dérives des «Frères musulmans» d'Egypte puis les trois ans de domination des islamistes en Tunisie, ont failli emporter les modèles spécifiques et tolérants des sociétés égyptienne et tunisienne. Quant à la Libye, n'en parlons pas ! C'est la déconfiture de l'Etat civil. Même la Turquie, qu'on croyait vaccinée depuis le siècle dernier, et à jamais, par une sorte de « laïcité musulmane » depuis Mustapha Kamel Attaturk, a repris goût avec M. Erdogan à l'islamisme politique expansionniste et peu démocratique. Enfin, la Syrie, un pays de haute civilisation et d'urbanité sans nulle autre pareille au Moyen-Orient, a été livrée avec la complicité active de Washington à la vindicte des plus irréductibles des groupements terroristes au nom de l'Islam. Pire encore, les Etats-Unis et une partie de ses alliés occidentaux reprochent, aujourd'hui, à la Russie et à son Président, M. Vladimir Poutine, de faire la guerre aux groupes islamistes de la terreur. Pourtant supposés être les ennemis de l'Amérique depuis un certain 11 septembre. D'où cette contradiction hallucinante de la diplomatie et de la stratégie américaine qui fait d'El Qaïda, Jebhet Ennosra et même Daëch, des « alliés de fait » de Washington, et qui fait de M. Vladimir Poutine et la Russie, les vrais défenseurs du monde libre et des valeurs immuables des pères fondateurs américains. C'est un peu le monde à l'envers ! Pour conclure, M. le Secrétaire d'Etat, nous vous appelons plus que jamais à défendre vos vraies valeurs, celles de l'Amérique éternelle, celle de la liberté, de la Démocratie et du monde libre, dont nous faisons partie depuis la « Révolution du Jasmin » en 2010-2011. La Tunisie ne veut pas des idéologies imposées dans le cadre d'un « deal stratégique », qui soumet son peuple, ses élites modernisatrices et sa culture millénaire, à l'obscurantisme, rétrograde de l'Orient décadent ! Si l'Amérique ne défend pas ses propres « valeurs » et si elle n'adapte pas sa politique étrangère à ces mêmes valeurs, ne soyez pas étonné, M. le Secrétaire d'Etat, de voir la Russie et son Président courageux, tant aimé des peuples musulmans modérés et voulant vivre au rythme du monde. D'ailleurs, un de vos candidats républicains, à la présidence américaine, vient d'apporter son soutien total à la Russie et à son Président, dans sa guerre contre le terrorisme, en Syrie ! Que faut-il de plus... ! K.G