La condamnation à la peine capitale de Baghdadi Mahmoudi continue à susciter les réactions les plus diverses, entre dénonciations, indignations et justifications, tandis que l'intéressé attend dans le couloir de la mort. Ce sont les pires moments aussi bien le concernant, que concernant tout ceux qui ont mauvaise conscience, pour avoir œuvré à le livrer à ses bourreaux. Pour la plupart des défenseurs des droits de l'Homme, cette extradition est en effet contraire à la loi, et ne correspond à aucune règle de droit national et international en la matière. Bien plus, et comme l'avait déclaré l'un des avocats de la défense, la décision d'extradition de Baghdadi Mahmoudi serait le fruit de transactions d'ordre pécuniaire. Certes, cette affirmation est dénuée de fondement tangible, mais elle a éveillé bien des suspicions. Dans une première étape le porte-parole de la présidence de la République, avait déclaré que l'arrêté d'extradition de Mahmoudi ne sera pas signé par le président avant qu'il n'ait connaissance du rapport de la délégation qui s'est déplacée en Libye. Cette commission avait pour mission de prendre connaissance sur place des conditions selon lesquelles l'intéressé sera jugé, et qui doivent répondre aux garanties d'un procès équitable. Le porte-parole avait ajouté par ailleurs que l'intéressé a demandé l'asile politique et qu'il n'a pas encore été fixé à ce sujet. Ce qui était une cause supplémentaire pour surseoir à la décision d'extradition. Mais le sursis ne fut que de courte durée.. D'après son avocat Mabrouk Korchid, Baghdadi Mahmoudi était optimiste, et confiant qu'il ne sera pas livré à ses bourreaux , fort de connaître que Ghannouchi a été soutenu par le régime de Kadhafi. Ce fut Hamadi Jebali, alors premier ministre qui avait tenu à son extradition, en dépit de toute règle juridique en la matière et bien que l'arrêté d'extradition n'ait pas reçu ampliation par la présidence de la République. Les deux ex-présidents de la République, Foued Mebazaâ et Moncef Marzouki y étaient opposés. Aujourd'hui, Hamadi Jebali persiste encore dans sa position, en avançant tantôt des arguments juridiques, pour dire que l'extradition la présidence de la République en a été dûment informée, tantôt en soutenant qu'il avait agi dans le cadre des prérogatives qui lui été dévolues en tant chef du gouvernement à l'époque. Dans une déclaration à une radio de la place, il a déclaré hier, qu'il « assume tout à fait l'extradition de Baghdadi Mahmoudi, en tant qu'homme d'Etat, civilement et constitutionnellement responsable, et solidaire de la Révolution libyenne » « Cette décision d'extradition est une décision judiciaire, qui a été approuvée par le gouvernement présidé à l'époque par Béji Caïd Essebsi, en réponse à la demande formulée par le gouvernement libyen, unifié à l'époque, et suivant décision de la Justice libyenne », a déclaré Hamadi Jebali. Il a précisé notamment que « l'extradition de Baghdadi Mahmoudi est prise en vertu des conventions internationales à l'occasion des crimes commis contre le peuple libyen, qui sont établis par des preuves tangibles et indubitables. En outre une commission, constituée de membres du gouvernement, de la présidence de la République, et d'Amnesty International, avait entériné la décision d'extradition en question ». Enfin, concernant le désaccord l'opposant sur ce point à l'ex-président de la République, il a estimé qu'il pouvait agir en vertu de l'organisation provisoire des pouvoir publics (loi constitutionnelle 6-2011) désignée par la « petite constitution » à l'époque, sans requérir son avis ». Hamadi Jebali persiste donc dans sa position et a même demandé de s'expliquer à ce sujet devant une commission Ad hoc à l'ARP. Il accuse des membres du Nidaa de ternir son image, car il pourrait, dit-il être un « concurrent potentiel au cours de la prochaine présidentielle » Cependant, le comité de défense de Baghdadi Mahmoudi, estime que ces justifications sont plutôt fallacieuses. Mabrouk Khourchid, président dudit comité, estime que la demande de Hamadi Jebali de s'expliquer devant une commission à l'ARP est « comme un demi-aveu, confirmant ses craintes « qu'il ait été l'objet de marchandage, avec des personnes en relation avec le gouvernement tunisien de l'époque. « Il ferait mieux de présenter ces arguments à la justice ». Il a ajouté que « Hamadi Jebali a commis à l'occasion de cette extradition, non pas un crime politique, mais un crime de droit commun ». Des plaintes sont donc déposées par le collectif de défense de Baghdadi Mahmoudi, à l'encontre de Hamadi Jebali, ainsi que contre certaines autres personnalités. Walid Zarrouk, le syndicaliste des forces de sécurité a publié une liste de noms qui selon lui, seraient suspects dans le cadre de cette affaire. Outre Hamadi Jebali, y figurent : « Moncef Marzouki, Samir Ben Amor, Noureddine B'hiri, Rachid Ammar, Saïd Ferjani et Habib Sboui ». Aussi le collectif de défense de Baghdadi Mahmoudi, ainsi que la plupart des associations de défense des droits de l'Homme, en condamnant cette extradition estiment qu'il y avait dans l'entêtement de Hamdi Jebali d'extrader coûte que coûte Baghdadi Mahmoudi, anguille sous roche.